lundi 6 juin 2011

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Marilyn Monroe sans fard

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Par Anthony Palou
03/06/2011 | Mise à jour : 13:56
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En 1955, le photographe américain Ed Feingersh, a suivi la stardans tout New York. Des images inoubliables d'une beauté légendaire.

Sous l'objectif d'Ed Feingersh, l'icône absolue du septième art devient ici une femme presque ordinaire. Marylin parfumant son décolleté d'une goutte de Chanel no 5, la plus célèbre photo. (Ed Feingersh/Michael Ochs Archives/Getty Images
Sous l'objectif d'Ed Feingersh, l'icône absolue du septième art devient ici une femme presque ordinaire. Marylin parfumant son décolleté d'une goutte de Chanel no 5, la plus célèbre photo. (Ed Feingersh/Michael Ochs Archives/Getty Images

Deux salles, juste deux salles à la photo-galerie de La Maison des Amériques. Une vingtaine de clichés célestes en noir et blanc. Pas besoin de plus. On y reste une demi-heure, on en rêvera pendant des jours. Nous sommes fin mars 1955. L'année de Sept ans de réflexion de Billy Wilder. Marilyn, 31 ans, s'échappe de Hollywood pour une semaine, direction New York, où elle rejoint Lee Strasberg à l'Actor's Studio.

Le photographe Ed Feingersh, envoyé du magazine féminin Redbook, suivra la star dans son quotidien. Ed Feingersh est un professionnel instinctif, comme son modèle de rêve (on apprend cela chez Strasberg). Sous son objectif, l'icône absolue du septième art devient ici une femme presque ordinaire à la beauté naturelle, celle qui n'est pas facile à peindre, à photographier - la beauté présente toujours quelque étrangeté, pensait Francis Bacon -, il ranime son âme, court-circuite la légende vivante. Bien entendu, cette beauté, qui est un don, fait de Marilyn un peu plus qu'une femme ordinaire.

Pouvoir d'excitation naturelle de cette égérie de chair passionnée. Feingersh capte ce corps délectable, son appareil court, glisse, erre, caresse, s'insinue sur ce visage, cette peau. Marilyn dans la cabine d'essayage de Brooks où deux mondes s'opposent : d'un côté la star, de l'autre les couturières anonymes. Marilyn, cigarette à la main, au café Costello's - QG de Feingersh -, situé sur la IIIe Avenue. Marilyn entrant dans l'arène du Madison Square Garden. Marilyn à la «lumière disponible » d'un kiosque à journaux. Marilyn lors d'un dîner de gala au restaurant El Morocco. Elle sourit, docile, au photographe. Marilyn à la terrasse de l'hôtel Ambassador: Manhattan aussi est à ses pieds. Marylin devant le salon de beauté d'Elizabeth Arden, regardant, lunettes de soleil sur son petit nez, vers le haut. Marilyn «à sa toilette», corps délectable. Marilyn lisant le Motion Picture Daily en productrice affairée. Marilyn endormie sur un fauteuil.

Objet de fantasme

Et cet étrange cliché où le photographe capte le mollet en mouvement de l'actrice, juste ce muscle, objet - ne soyons pas hypocrites - de quelques fantasmes. La tête de Marilyn a été volontairement coupée, elle qui n'avait rien d'une écervelée. Instant magique : l'actrice un verre dans une main, l'autre caressant son genou, lèvres humides de liqueur. Approche d'un plaisir. La photo la plus célèbre d'Ed Feingersh est sans aucun doute celle où la star parfume son décolleté d'une goutte de Chanel n° 5. Elle deviendra une publicité pour l'effluve désormais mythique, fera la une de nombreux magazine, dont Playboy Japon, mais sera écartée par Redbook et publiée seulement en 1988.

C'est Feingersh qui fit descendre pour la première fois de sa vie Marilyn dans le métro. Sur le quai, elle pose dans son manteau en cachemire. Toujours cette expression enfantine, pommettes duvetées. Les zones d'ombre, taches noires, sont la signature de Feingersh. Jamais d'éclairage artificiel. Comme si sa pellicule était atteinte d'un glaucome.

Le photographe mourut en juin 1961, un an avant la disparition de son modèle. Définitivement entré dans la chambre obscure. Depuis 1955, il ne faisait plus grand-chose. Il avait remisé ses boîtiers dans un placard. La dépression le grignotait. De son travail, plus aucune trace. Nous devons sa résurrection à un certain Michael Ochs, un passionné de photographie qui tomba par hasard, un jour de 1987, dans un vieux hangar de Brooklyn, sur une enveloppe qui contenait les merveilles que l'on peut aujourd'hui admirer.

Saluons le travail passionnant - prétexte de cette exposition - du journaliste et critique de cinéma Adrien Gombeaud qui vient de publier Une blonde à Manhattan *, récit renseigné de cette semaine new-yorkaise en noir et blanc désormais légendaire. Un roman vrai.

«Une blonde à Manhattan», à la Maison des Amériques, 3, rue Cassette, Paris VIe, jusqu'au 7 octobre. Entrée libre, de 10 heures à 19 heures. * Édition Le Serpent à Plumes, 210 pages, 19 €.

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