dimanche 24 octobre 2010

F,P,D Univers.

Versailles, expériences en Cour

Mots clés : château de Versailles, Sciences et Curiosités à la cour de Versailles, Marie-Antoinette, VERSAILLES

Léopold Sanchez
22/10/2010 | Mise à jour : 18:17
Réactions (6)
(J.M. Manai)
(J.M. Manai)

Derrière l'image d'un Versailles siège du pouvoir royal, champ clos d'intrigues où le faste se conjugue avec l'oisiveté, il est un aspect que les mémorialistes ont eu tendance à occulter: celui d'un Versailles haut lieu de recherche scientifique. Saviez-vous que c'est sur l'avant-cour du château que le premier vol habité de l'histoire s'effectua? Qu'on expérimenta le premier vaccin antivariolique sur les frères de Louis XVI? Que la machine de Marly, acheminant l'eau de la Seine jusqu'aux jardins royaux, était considérée comme la huitième Merveille du monde? Que le premier androïde de l'histoire fut inventé pour Marie-Antoinette? L'exposition qui s'ouvre la semaine prochaine à Versailles révèle un visage inattendu d'un château que fréquentèrent assidûment savants, anatomistes, botanistes, agronomes et zoologues. Le Figaro Magazine vous présente huit objets, sélectionnés parmi les plus remarquables que dévoile «Sciences et Curiosités à la cour de Versailles». Huit objets qui ont chacun une histoire...

Le globe terrestre à la portée de tous

L'abbé Jean-Antoine Nollet réalise entre 1728 et 1730 une paire de globes, céleste et terrestre, pour l'éducation de son élève le dauphin, fils de Louis XV. Montés sur un piètement tripode en bois sculpté, et dotés de méridien, cercle horaire et boussole, ils font la somme des connaissances cartographique et astronomique de l'époque. Le succès qu'ils rencontrèrent à la cour donna lieu à l'ouverture d'un marché. On se mit à fabriquer des globes à la chaîne pour les proposer au public. Leur prix allait du simple au triple suivant la richesse du décor, soit 80, 120 et 250 livres. Voltaire fut l'un des premiers à passer commande d'instruments de ce type, pour une valeur de 10.000 livres.

L'androïde de Marie-Antoinette

Réalisée en 1784 par l'horloger Pierre Kintzing et l'ébéniste de la reine, David Roentgen, la Joueuse de tympan on illustre bien l'intérêt du XVIIIe siècle pour les prouesses mécaniques, et particulièrement pour l'art de reproduire des anatomies animées, ou androïdes. La tradition veut que les traits de la Joueuse de tympanon soient ceux de Marie-Antoinette, que sa perruque ait été faite avec ses propres cheveux et son habit de soie d'un morceau d'une de ses robes. Elle interprète huit airs différents dont un de l'Armide de Gluck, le musicien préféré de la reine. Le médecin personnel de Marie-Antoinette offrit l'androïde à l'Académie des sciences afin qu'il puisse figurer parmi les curiosités de l'institution.

(RMN)
(RMN)

Le tour à guillocher du frère de Louis XVI

L'ouvrier Guillot conçut en 1773 cette grande machine en noyer de près d'un mètre de hauteur. Equipée d'un pédalier et d'un jeu de cames, elle permettait de tracer des entrelacs (guillocher) pour orner boîtiers de montres et pièces d'orfèvrerie, mais aussi de fabriquer et d'affiner des serrures et des clés. Le tour à guillocher fut placé au deuxième étage des appartements privés du roi, donnant sur la cour des Cerfs. Le comte d'Artois était fier d'offrir les menus objets fabriqués par ce moyen à ses familiers, lors d'un anniversaire ou d'un événement heureux. Tout comme Marie-Antoinette jouait à la laitière dans le hameau du Trianon, Louis XVI et ses frères s'initiaient au travail manuel. L'ironie du sort veut que le constructeur du tour à guillocher royal ait porté presque le même nom que l'inventeur... de la guillotine.

Le premier vol habité de l'histoire

L'expérience aérostatique se déroula le 19 septembre 1783 dans l'avant-cour du château, en présence de Louis XVI et de sa famille. Joseph-Michel et Jacques-Etienne Montgolfier se livraient depuis quelque temps à des essais autour d'une pièce de tissus gonflée par un feu de laine et de paille. Un premier s'étant révélé concluant avec un ballon captif, on les avait invités à le renouveler devant le roi. Encollé de papier sur les deux faces, le ballon portait un décor bleu azur avec deux L entrelacés et divers ornements dorés. Au premier coup de canon, un mouton, un canard et un coq prirent place à bord de la nacelle. Un second coup annonça le décollage. A la stupéfaction générale, le ballon s'éleva à 500 mètres au-dessus de la foule, puis il redescendit8minutes plus tard sous les acclamations. Le public se précipita pour voir si les animaux étaient vivants. Baptisé Montauciel, le mouton aéronaute finit paisiblement ses jours dans la bergerie de la reine.

La pendule qui donne l'heure jusqu'en 9999

En janvier 1754 prend place, dans le Cabinet des pendules de Louis XV, un cartel extraordinaire conçu par l'ingénieur Passemant. Il s'agit d'une pendule astronomique de 2,26 mètres de hauteur, couronnée d'une sphère mouvante et dotée d'un boîtier rococo exécuté par Jacques et Philippe Caffieri. Programmée pour fonctionner jusqu'en 9999 sans intervention humaine, elle prend en compte les années bissextiles, donne l'heure moyenne, la phase de la lune et le mouvement des planètes visibles dans la sphère en cristal qui la couronne. Louis XV avait coutume de venir avec toute la cour peu avant minuit, chaque 31 décembre, pour assister au passage de la nouvelle année.

Du baquet de Mesmer au divan de Freud

C'est en 1778 que le médecin Franz-Anton Mesmer arrive de Vienne avec une thérapeutique miracle, le magnétisme animal. L'expérience dite du« baquet » consiste à rassembler une trentaine de patients autour d'une caisse circulaire remplie de morceaux de verre et de métal d'où sortent des tiges de cuivre que chacun met en contact avec la partie de son corps qui est affectée. Vêtus de soie lilas, Mesmer et ses aides, de jeunes et beaux garçons armés de baguettes de fer, accompagnaient ces séances avec une musique céleste jouée au pianoforte et à l'harmonica de verre. Les témoins rapportent que les femmes de la meilleure société perdaient le contrôle de leurs nerfs, se mettaient à proférer des propos insensés et à pousser des éclats de rire hystériques. Soignées par cette méthode révolutionnaire, la duchesse de Chaulnes et la princesse de Lamballe se firent les avocates de Mesmer auprès de la reine. Marie-Antoinette lui fit obtenir une pension de vingt mille livres pour qu'il demeure à la cour, ainsi que les moyens d'ouvrir un établissement de soins, cent ans avant les expériences du docteur Charcot.

L'Indien du Cabinet de curiosités du roi

Les découvertes des explorateurs Bougainville, James Cook ou La Pérouse enrichirent les collections royales d'objets ethnographiques qui révélèrent à l'Occident la diversité des modes de vie de populations lointaines. La fille cadette de Louis XV, Madame Sophie, demanda ainsi à son premier médecin Cornette de lui constituer un cabinet de curiosités avec 219 objets. A la demande du comte d'Artois, le marquis de Sérent en créa un autre, très important, vers 1786, en acquérant d'un ancien commissaire de marine, Charles- Philippe Fayolle, plusieurs objets rapportés des colonies. C'est dans cette collection que se trouvait cette tête en cire d'un Indien d'Amérique, originaire de l'embouchure du Saint-Laurent, avec ses armes, parures et vêtements. Réquisitionnée par les Conventionnels en 1793, elle forma le noyau du musée d'histoire naturelle.

Le défi hydraulique de la machine de Marly

Au XVIIe siècle, l'eau était en quantité insuffisante à Versailles pour une population de 45.000 personnes, au point que l'on n'actionnait les fontaines qu'au passage de Louis XIV. Un certain Rennequin Sualem, du pays de Liège, se proposa de faire couler l'eau en abondance par le moyen d'un système ingénieux. Soutenue par une puissante maçonnerie qui plongeait dans la Seine, à hauteur de Bougival, la machine de Marly fut universellement considérée comme une prouesse technique. Les ambassadeurs auprès du Roi-Soleil ne manquaient jamais de se faire montrer son formidable enchevêtrement de charpentes, montant à plus de vingt mètres et déversant l'eau dans un aqueduc au moyen de quatorze monstrueuses roues à aubes. Entre ces roues couraient sur des passerelles des hommes en guenilles, tout trempés, chargés, au risque de leur vie, de remplacer les pièces de bois ou de fer dont les ruptures fréquentes compromettaient la marche du système. La machine fut détruite le 25 août 1817, sur ordre de Napoléon.




"Ideas del hombre y más .......".

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Bienvenido, espacio de ideas.