vendredi 31 décembre 2010

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Des télescopes sous l'eau pour écouter le chant des baleines

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Par Marc Mennessier
03/12/2010 | Mise à jour : 20:09
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Un cachalot . La plate-forme Lido (Listen to the Deep Ocean) permet de suivre les sons émis par les 80 espèces de cétacés qui sillonnent les mers du monde.
Un cachalot . La plate-forme Lido (Listen to the Deep Ocean) permet de suivre les sons émis par les 80 espèces de cétacés qui sillonnent les mers du monde. Crédits photo : CHRIS BANGS/AFP

Les détecteurs de neutrinos cosmiques ont trouvé une nouvelle application. Les cétacés utilisent en effet les mêmes fréquences que ces particules pour communiquer.

Les télescopes sous-marins dédiés à la traque des particules cosmiques peuvent également servir à repérer… les baleines dans l'immensité de l'océan. Ces grands mammifères marins ont en effet la particularité de chanter sur la même fréquence que les neutrinos à haute énergie émis par les étoiles.

Bien que très abondantes, ces particules élémentaires, qui interagissent très peu avec la matière, sont quasiment indétectables. À chaque fraction de seconde, des milliards d'entre elles traversent la Terre sans pratiquement jamais dévier de leur trajectoire. Pour repérer l'infime trace lumineuse générée par la rencontre rarissime entre un atome terrestre et l'une de ces particules «passe muraille», les physiciens utilisent des détecteurs extrêmement sophistiqués, comme le dispositif Antares du CNRS (IN2P3 *), du CEA et de l'Institut français de recherche et d'exploitation de la mer (Ifremer) immergé au large de Toulon par 2 500 m de fond.

C'est en développant une nouvelle méthode de détection acoustique des neutrinos que les chercheurs se sont rendu compte que leur instrument pouvait également servir à «écouter» le monde sous-marin. Les baleines bien sûr mais aussi les séismes ou encore le trafic maritime de surface. «Nous recyclons en quelque sorte les bruits qui perturbent le bon fonctionnement d'Antares et des autres détecteurs installés au fond des mers», explique Michel André, responsable du laboratoire de bioacoustique appliquée de l'université de Barcelone lors d'une conférence organisée ces deux derniers jours au Palais de la découverte, à Paris, par Aspera, le réseau européen des agences de financement de la recherche en astroparticules.

Une véritable «caméra acoustique»

Depuis l'an dernier, grâce aux hydrophones installés sur une dizaine de télescopes sous-marins en Méditerranée et dans le nord de l'océan Atlantique, la plate-forme Lido (Listen to the Deep Ocean) permet de suivre en direct sur Internet (listentothedeep.com) les sons émis par les 80 espèces de cétacés (baleines, cachalots, dauphins) qui sillonnent les mers du monde. Le tout sans limite d'espace et de temps. «Les échanges acoustiques jouent une place prépondérante dans la vie de ces grands mammifères marins, pour communiquer entre eux, se repérer géographiquement ou se nourrir», poursuit Michel André, qui espère mieux comprendre, grâce à cette «caméra acoustique», leur comportement et leur organisation sociale dont on sait pour l'instant très peu de choses. C'est notamment le cas des baleines qui communiquent entre elles à des centaines de kilomètres de distance en émettant des sons de très basse fréquence.

Lido devrait également permettre de mieux identifier les sources sonores artificielles (bateaux, sonars, éoliennes offshore, explosions) qui endommagent le très sophistiqué mais fragile appareil acoustique des cétacés et provoquent leur mort par échouage.

* Institut national de physique nucléaire et de physique des particules.

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