dimanche 9 mai 2010

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«L'Angélus» de Millet, mieux vaut l'original

Mots clés : BARBIZON, Jean-François Millet

Par Valérie Duponchelle
04/05/2010 | Mise à jour : 11:37
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«100 artistes pour l'Angélus» ou la ferveur de l'hommage, à Barbizon jusqu'au 31 juillet.

Angélus-Bastille du Français Gérard Fromanger. DR
Angélus-Bastille du Français Gérard Fromanger. DR

Bienheureux les Chinois qui découvriront L'Angélus de Millet avec les six autres trésors prêtés par le Musée d'Orsay pour anoblir le pavillon France, le temps de l'Exposition universelle de tous les records à Shanghaï. Ils seront descendus à bonne cadence depuis le jardin à la française qui couronne l'édifice de Jacques Ferrier, jusqu'à cette pause muséale, brève et sous haute garde. Derrière la paroi blindée, lisse comme un trompe-l'œil, qui protège ces ambassadeurs de notre culture, les deux paysans ont posé leurs outils pour se mettre en prière (petit format surprenant de 55 × 66 cm, daté 1857-1859). Hors cadre, l'angélus sonne au clocher lointain de l'église Saint-Paul de Chailly-en-Bière, près de Barbizon.

«L'Angélus est un tableau que j'ai fait en pensant comment, en travaillant autrefois dans les champs, ma grand-mère ne manquait pas, en entendant sonner la cloche, de nous faire arrêter notre besogne pour dire l'Angélus pour ces pauvres morts» disait Jean-François Millet (1814-1875) , chantre du champêtre sous l'influence de Courbet. Non-pratiquant, l'artiste célébrait un souvenir d'enfance, la pause des travailleurs, les rythmes immuables des paysans, bien plus que la salutation de l'ange à Marie lors de l'Annonciation. Nombre d'artistes ont puisé dans cette vision crépusculaire et ce temps arrêté, sublimé par la peinture, matière à éternelle réinterprétation. Salvador Dali était fasciné par le travail du fondateur de l'école de Barbizon, y consacrant un livre entier, Le Mythe tragique de l'Angélus de Millet.

Ils sont une centaine d'artistes contemporains à tenter aujourd'hui l'aventure, dégainant sans complexes pour rendre un hommage direct et assez tonitruant à ce délicat monument national, attribué au Musée du Louvre en 1910, lacéré par un déséquilibré en 1932, donné au Musée d'Orsay en 1986. «100 artistes pour l'Angélus» les réunit tous - sculpteurs, peintres, photographes et vidéastes - à Barbizon, forcément, jusqu'au 31 juillet, sous le haut patronage de M. Thorbjorn Jagland, secrétaire général du Conseil de l'Europe. L'exercice est périlleux, parfois d'une terrible laideur, même si l'intention est louable. Il y a beaucoup à voir et beaucoup à laisser dans ce méli-mélo d'œuvres qui ont souvent peu en commun, sinon un grand champ vide, deux personnages monumentaux et un ciel azuréen.

Au mieux, les artistes de la figuration narrative modulent leur fantaisie et leur métier. Le Français Gérard Fromanger et sa version pop, inversée, d'un Angélus-Bastille à l'acrylique graphique. L'Islandais de Paris, Erro, et un grand collage sur toile dans la ligne de sa belle rétrospective au cabinet d'art graphique de Beaubourg. Le Parisien par excellence, Jean-Jacques Lebel, et son humour potache de rebelle, qui fait de L'Angélus de Millet un ready-made dans une valise à la Duchamp. Le grand Kounellis et son arte povera éternel. Le rêveur Jean-Pierre Raynaud et ses cinq pots de couleurs primaires… Pour le reste, mieux vaut être à Shanghaï.




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