dimanche 31 janvier 2010






F,P,D Univers. De hielo del Ártico el fondo del mar, el camino se abre
Cyril Hofstein
29/01/2010 | Actualizado: 17:47

El poderoso rompehielos Louis St. Laurent (primer plano), venir a ayudar a la "Roald Amundsen", atrapado en una gruesa capa de hielo 5 a 6 metros, que se deriva desde el Polo Norte. Muy inusual para la temporada. (Philippe Bourseiller / JH Editorial)
A bordo del "CCGS Amundsen" rompehielos de la Guardia Costera, los científicos estudian cada año, el impacto ambiental de la apertura del Paso del Noroeste, de oeste a navegación, debido al calentamiento global.

Arctique : la banquise fond, la route s'ouvre
Cyril Hofstein
29/01/2010 | Mise à jour : 17:47 |

Le puissant brise-glace « Louis Saint-Laurent » (au premier plan), venu aider l'«Amundsen», pris dans une banquise épaisse de 5 à 6 mètres qui a dérivé depuis le pôle Nord. Situation très inhabituelle pour la saison. (Philippe Bourseiller/JH Editorial)
À bord du NGCC «Amundsen», brise-glace de la Garde côtière canadienne, des scientifiques étudient chaque année l'impact écologique de l'ouverture du passage du Nord-Ouest à la navigation, liée au réchauffement climatique.

En silence, leNGCC Amundsen traverse une longue étendue d'eau libre. Puis son étrave touche la glace. Sur la passerelle, il faut maintenant crier pour se faire entendre. Tout vibre. Le bruit est assourdissant. Lentement, le brise-glace de la Garde côtière canadienne ouvre son chenal. L'acier de sa coque souffre et crisse, puis la banquise cède en libérant une eau sombre qui gicle sur ses flancs. Le fracas de tôle froissée ne quittera pratiquement plus le navire. Ceux qui occupent des cabines sous la ligne de flottaison, près du poste d'écoute, devront en plus supporter l'écho lancinant du sonar, qui envoie ses signaux 24 heures sur 24. Nous sommes le 10 octobre 2009, en mer de Beaufort, dans l'océan Arctique, au nord des côtes de l'Alaska, du Yukon et des Territoires du Nord-Ouest et à l'ouest des îles arctiques du Canada.

C'est la première fois depuis le départ, le 8 octobre dernier, que les marins et les membres de l'équipe scientifique font face à la banquise annuelle dans le passage du Nord-Ouest.

Depuis 1490, ce passage fait rêver


Les glaciologues, descendus sur la banquise, effectuent des analyses sous la surveillance d'un garde armé contre les ours polaires. Pendant des heures, ils vont mesurer salinité, température et épaisseur de la glace. (Philippe Bourseiller/JH Editorial)
Les glaciologues, descendus sur la banquise, effectuent des analyses sous la surveillance d'un garde armé contre les ours polaires. Pendant des heures, ils vont mesurer salinité, température et épaisseur de la glace. (Philippe Bourseiller/JH Editorial)

Hier, deux harfangs, ces grandes chouettes arctiques, se sont posés sur le pont. Un bon présage pour une mission d'exploration polaire d'une très grande complexité. Jusqu'au 7 novembre, en effet, l'Amundsen, va servir de laboratoire flottant à une trentaine de scientifiques français, canadiens et allemands spécialistes en glaciologie, météo rologie, géologie, cartographie, sciences de la mer et biologie. Leur mission ? Evaluer l'impact écologique de l'ouverture progressive du passage du Nord-Ouest à la navigation en raison du réchauffement climatique.

La route mythique du passage du Nord-Ouest... Un songe qui naît en 1490 quand Jean Cabot, navigateur vénitien au service du roi d'Angleterre, émet l'hypothèse d'un passage vers l'Orient par le Grand Nord. Au souverain qui l'écoute il promet que ses navires pourraient ainsi dominer les mers et régner sur le monde. Un rêve de gloire qui, pendant plus de trois siècles, va fracasser des dizaines de navires et d'équipages. Martin Frobisher, Vitus Bering, James Cook, John Franklin... Tous ont rêvé de franchir cet étroit réseau de chenaux qui relie l'Atlantique au Pacifique en passant entre les îles arc tiques. En vain. Il faudra attendre les années 1903 à 1906 pour que le Norvégien Roald Amundsen, dont le brise-glace canadien porte aujourd'hui le nom, parvienne à forcer son chemin. Mais la route qu'il emprunte ne permet pas à des navires de fort tonnage de passer. Le grand passage reste partiellement impraticable.

Aujourd'hui, le changement climatique et la spectaculaire fonte des glaces polaires qui l'accompagne ont tout bouleversé. Le visage de l'Arctique a changé définitivement. Depuis 2007, l'été, le passage du Nord-Ouest est désormais presque ouvert et attire toutes les convoitises. L'enjeu est considérable : l'emprunter permet de raccourcir d'au moins 4 000 kilomètres le trajet maritime actuel entre l'Europe et l'Extrême-Orient passant par le canal de Suez. De plus, la mer de Beaufort renfermerait en son sous-sol jusqu'à un quart des réserves mondiales d'hydrocarbures. Une fantastique richesse qui ne cesse de raviver la querelle entre le Canada et les Etats-Unis sur le tracé de leur frontière maritime - sur le 141e méridien, selon les Canadiens, équidistante des côtes pour les Américains.

Depuis le 9 avril 2006, le Canada a pris les devants et considère le passage du Nord-Ouest comme faisant partie des ses eaux intérieures. L'année suivante, le pays a annoncé la création, prévue pour 2015, d'un port en eaux profondes à Nanisivik, au nord de l'île de Baffin, ainsi qu'un renforcement de sa présence militaire et scientifique. Dans ce contexte diplomatique tendu, être vu dans les parages est aussi l'une des missions de l'Amundsen, dont la coque rouge et les structures blanches sont immanquables, même par mauvais temps. Entre 2007 et 2009, le navire et son équipage ont effectué plus de 450 jours de mer. Presque un record.

L'hélicoptère de bord permet de repérer les passages


L'«Amundsen» est utilisé la moitié de l'année par des scientifiques qui étudient l'évolution des glaces, la physique et la chimie des eaux, la bathymétrie (mesure des profondeurs), la géologie, la biologie et les échanges atmosphère-océan. (Philippe Bourseiller/JH Editorial)
L'«Amundsen» est utilisé la moitié de l'année par des scientifiques qui étudient l'évolution des glaces, la physique et la chimie des eaux, la bathymétrie (mesure des profondeurs), la géologie, la biologie et les échanges atmosphère-océan. (Philippe Bourseiller/JH Editorial)

«L'Amundsen est une sentinelle et un atout considérable pour la science, explique Louis Fortier, professeur et chercheur en océanographie du département de biologie de l'université Laval de Québec, et chef de mission sur le navire. C'est une chance de pouvoir travailler à son bord dans des conditions exceptionnelles et d'accéder aux vastes étendues de l'Arctique côtier pour y étudier les répercussions des changements climatiques, tant sur le plan environnemental que socio-économique. Chaque campagne témoigne des profondes évolutions structurelles de la région.»

Le 11 octobre, la mer est agitée et les équipements du bateau sont couverts de glace. La météo est très capricieuse et la tempé rature oscille entre - 21 et - 2 °C. Il y a peu de vent et le ciel est souvent plombé, tandis qu'alternent chutes de neige et brouillards.

Mais rien n'arrête les chercheurs qui multiplient les relevés sur le pont avant et le pont latéral avant de quitter la mer de Beaufort, le 16 octobre. A mesure que le voyage se poursuit, l'Amundsen peine à tracer sa route. La glace ne cesse de s'épaissir et, de plus en plus souvent, l'hélicoptère de bord décolle pour tenter de repérer des passages dans la brume.

Puis, dans la nuit du 17 au 18, alors que le navire se dirige vers le détroit du Prince-de-Galles, la coque du brise-glace touche le fond. A bord, le calme est impressionnant. Très décontracté, l'équipage décide de stopper vingt-quatre heures pour évaluer les éventuels dégâts. Plus de peur que de mal. Pour les glaciologues, c'est une aubaine. Ils peuvent enfin descendre pour effectuer des carottages, sous le regard inquiet d'un garde-côte armé d'une carabine, au cas où un ours polaire un peu trop curieux viendrait à leur rencontre.


En pleine mer, l'équipage met à l'eau des balises destinées à évaluer les masses d'eau et les courants. Equipées de pièges à particules et d'hydrophones, elles resteront immergées entre six mois et un an. (Philippe Bourseiller/JH Editorial)

Le 19, l'Amundsen fait route au nord-ouest du détroit de Lancaster, un des bras de la baie de Baffin, point de passage important à travers l'archipel arctique. En raison de l'interaction des courants, le détroit est riche en nutriments. Une manne pour les biologistes du bord, qui étudient notamment la modélisation de la croissance et de la survie des larves de morue arctique, un des poissons clés de l'écosystème. Le 21 octobre, la banquise est soudain plus épaisse et des blocs compacts de 5 à 6 mètres d'épaisseur bloquent le passage. Une situation très inhabituelle pour la saison. Le bateau avance à 2 nœuds, puis finit par se trouver totalement coincé. Au point que son commandant doit faire appel au Louis Saint-Laurent, autre brise-glace, qui arrive le 22 dans l'après-midi.

«Pour moi, ce point du voyage est le plus démonstratif des ravages du changement climatique dans la région, regrette Louis Fortier. Car ces plaques qui nous ont arrêtés font incontestablement partie des vestiges de la banquise pluriannuelle du pôle Nord, poussée vers le sud jusque dans le passage du Nord-Ouest. Une «vieille glace», essentielle au maintien du climat actuel, qui se détache et disparaît inexorablement. En clair, c'est la première fois depuis 14 millions d'années que le «capital froid» de l'Arctique est touché. Et les conséquences de ce phénomène, qui doivent encore être évaluées, m'inquiètent.»

L'été prochain, l'«Amundsen» servira de navire-hôpital pour les Inuits


L'archipel des îles arctiques canadiennes, entrecoupé de poches d'eau libre, coeur du passage du Nord-Ouest, attise toutes les convoitises. Son sous-sol abriterait un quart des réserves mondiales d'hydrocarbures. (Philippe Bourseiller/JH Editorial)
L'archipel des îles arctiques canadiennes, entrecoupé de poches d'eau libre, coeur du passage du Nord-Ouest, attise toutes les convoitises. Son sous-sol abriterait un quart des réserves mondiales d'hydrocarbures. (Philippe Bourseiller/JH Editorial)

Après un court arrêt sur l'île Devon pour faire le plein de carburant, le brise-glace subit trois jours de tempête de neige. Puis l'équipage aperçoit son premier iceberg le 28 octobre. La mer est calme et il y a même du soleil. Les biologistes récoltent du phytoplancton et les météorologistes peuvent à nouveau déployer leurs capteurs et envoyer leurs ballons-sondes. Le 31, on fête Halloween avant de retrouver la pleine mer, le quasi-silence de la navigation en eau libre et la fin de la campagne. L'équipage se prépare au repos, les scientifiques, au retour vers leurs labos et leurs campus. L'Amundsen poursuivra sa croisière l'été prochain comme navire-hôpital pour les Inuits.

«Il est encore trop tôt pour faire le bilan de ce voyage, et les chercheurs n'ont pas encore terminé d'exploiter leurs échantillons et leurs relevés, explique le chef de mission. Mais nous avons pu voir une nouvelle fois que la zone est en pleine mutation et que sa faune est en train de changer profondément. Certaines espèces, comme les ours polaires, sont en voie de disparition ; d'autres, au contraire, apparaissent, comme le saumon du Pacifique. Mais ce ne sont que deux exemples isolés. Nous sommes à un tournant. Un nouveau monde va prendre pied en Arctique.»


"Ideas del hombre y más .......".

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