lundi 30 novembre 2009


F,P,D Univers. Le millésime 2009 au secours du beaujolais
Bernard Burtschy
19/11/2009 | Mise à jour : 00:50 |

Le millésime 2009 du beaujolais s'annonce excellent. Crédits photo : Le Figaro
Victime de tricheurs, il a du mal à sortir de la déprime. Premier test jeudi : le beaujolais nouveau est arrivé.

«Une chance historique !» Louis-Fabrice Latour, président du négoce bourguignon et propriétaire depuis peu en Beaujolais, n'y va pas par quatre chemins. Profondément enfoncé dans la crise, le beaujolais ne doit pas rater son rendez-vous avec le millésime 2009, qui est perçu par tous d'une qualité exceptionnelle. «C'est le plus grand millésime que j'aie vécu et mon père qui a beaucoup plus de recul que moi en pense de même : le plus grand depuis cinquante ans», raconte Édouard Labruyère, un des grands producteurs de moulin-à-vent qui est considéré comme le meilleur cru du Beaujolais.

Le beaujolais ne doit pas rater le coche, car son image est au plus mal, tout comme les ventes d'ailleurs. Dans les années 1950, un cru du Beaujolais se vendait au prix d'un grand cru de la Bourgogne. Aujourd'hui, il ne trouve plus preneur à un dixième du prix, ce qui est totalement injuste. Cette descente aux enfers est d'autant plus injustifiée que le gamay, cépage de référence du beaujolais, donne de grands vins, ce qui est largement méconnu. Thomas Henriot, qui s'occupe dorénavant du château de Poncié à Fleurie, le souligne : «Nous avons trouvé des documents du Xe siècle montrant la grande notoriété de la propriété et nous avons bien l'intention non seulement de revenir et de reprendre le nom de l'époque, mais surtout de restaurer cette immense notoriété.»

Premier accusé de cette déchéance, le beaujolais nouveau, celui par qui est arrivée la médiatisation il y a un peu plus de cinquante ans et qui est aujourd'hui accusé de tous les maux. Lancé le troisième jeudi de novembre, il occupait à ses débuts seul la scène médiatique jusqu'à Noël. Peu à peu, il a perdu de son aura, disparaissant des étalages dès la fin novembre. Aujourd'hui, il tient à grand-peine la fin de la semaine. Son image déplorable a rabaissé la renommée du gamay, entraînant toute la région dans l'enfer.

Un vin franc et joyeux

Pourquoi ? Le beaujolais nouveau est produit, pour l'essentiel, au sud de Villefranche-sur-Saône dans une très jolie région, Les Terres Dorées qui, comme son nom l'indique, n'est nullement granitique, mais argilo-calcaire. Or, sur ce type de terroirs, le gamay produit en grande quantité des vins sans intérêt, comme l'avait déjà constaté en 1395 Philippe le Hardi, duc de Bourgogne qui expulsa le gamay de Bourgogne comme «cépage vil». L'idée de génie de Jules Chauvet, brillant chercheur à Berkeley, fut de transformer ce handicap en avantage en créant le beaujolais nouveau : «Puisqu'il ne tient pas, on le boira tout de suite !»

Le gamay devint alors le plus beau cépage d'initiation du monde et la petite affichette «Le beaujolais nouveau est arrivé» faisait accourir la France entière, puis tous les autres. En 1975, Edgar Faure le faisait servir à l'Assemblée nationale avec Georges Brassens comme parrain et Mireille Mathieu comme marraine. Vin-boisson par excellence, «gouleyant», le beaujolais nouveau était certes un vin simple, mais franc et joyeux grâce à un vignoble planté très serré, une vendange manuelle et une vinification sincère. Propriétaire- négociant, Georges Dubœuf, surnommé le Pape du Beaujolais, fut largement à l'origine du succès planétaire du beaujolais nouveau. Il continue à produire des vins de qualité.

Hélas, la suite allait être moins rose. Le succès a attiré des producteurs moins scrupuleux, attirés par l'appât du gain rapide : le vin était vendu en trois semaines alors qu'il faut ailleurs un ou deux ans pour produire une bouteille. La chimie s'est imposée dans les vignes, les levures sont apparues en vinification et le vin est parti dans une option technologique pour réduire les coûts de production. À ce jeu, la qualité s'est peu à peu dégradée, le beaujolais nouveau a perdu son âme et le public s'en est éloigné, même si quelques producteurs isolés faisaient de la résistance.

Aujourd'hui, tous les problèmes sont loin d'avoir disparu, mais une vraie prise de conscience s'est fait jour chez les producteurs. Attirés par les bas prix des terres, les grands négociants beaunois ont acheté de belles propriétés et apporté leurs ambitions, non sans quelques fois quelques frictions. Rappelons que Clochemerle est en Beaujolais et que l'action collective n'a jamais été le fort de la région. De très grande qualité, le millésime 2009 arrive à point nommé. «Pour mon premier millésime, je débute avec un millésime de rêve», s'enthousiasme Rémy Sandrin qui vient de rejoindre le vignoble familial. Les bons beaujolais sont légion. Au beaujolais de saisir ce coup de pouce du destin !



"Ideas del hombre y más .......".

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