Elisabeth II a perdu le contrôle absolu de ses finances
Mots clés : Budget de la reine, ROYAUME-UNI, Elisabeth Ii
Par Cyrille Vanlerberghe24/09/2010 | Mise à jour : 20:29 Réagir
À la suite de disputes financières entre le gouvernement travailliste de Tony Blair et la Maison royale, un accord secret avait été signé en 2006. Crédits photo : REUTERS
Le gouvernement surveille de près l'utilisation de la dotation publique à la Maison royale.
Après trois longues années de lutte contre les services juridiques du gouvernement, le quotidien The Independent a réussi à lever le voile sur l'un des secrets les mieux gardés du Royaume-Uni : le détail des finances allouées à la reine Élisabeth II. Pour protéger «la confidentialité» des relations entre la monarchie et le gouvernement, la subvention annuelle versée à la famille royale n'entrait pas dans le cadre de la loi sur le droit à l'information, qui permet aux Britanniques d'obtenir une copie de tout document public.
Le quotidien anglais a finalement mis la main sur un document qui montre que la reine a perdu l'un des derniers privilèges royaux qui lui restaient : elle n'a plus le contrôle absolu de ses finances et doit désormais justifier à l'État la manière dont elle dépense les 38 millions de livres (44 millions d'euros) versés chaque année par le Trésor public pour payer son personnel et l'entretien de ses palais et nombreux domaines.
Le chauffage de Buckingham
À la suite de disputes financières entre le gouvernement travailliste de Tony Blair et la Maison royale, un accord secret avait été signé en 2006. Le document détaille de manière très précise, avec 70 clauses différentes, la manière dont le gouvernement subventionne la reine. Un paragraphe précise qu'en cas de désaccord entre les deux signataires, le ministre en charge (celui de la Culture et des Sports) se réserve le droit de couper le versement de la subvention versée à la reine et de gérer directement les affaires royales. Cet accord «est en fait un adieu formel à l'un des vestiges du pouvoir monarchique» dans le pays, constate Gary Slapper, professeur de droit à l'Open University. Le journal estime pour sa part que le texte donne un pouvoir de levier considérable au gouvernement à une époque de grande austérité financière, ce qui pourrait «forcer la reine à réduire ses dépenses, ou alors l'obliger à se replier sur sa fortune personnelle considérable», estimée à 290 millions de livres (340 millions d'euros) par le Sunday Times.
Depuis des années, les services de la reine se battent contre le gouvernement pour obtenir des rallonges substantielles à leur subvention annuelle, afin de pouvoir mener d'importants travaux d'entretiens sur les palais royaux, Buckingham et Windsor en tête. Même pendant les années fastes du début de la décennie, le pouvoir travailliste a toujours refusé de céder à ces pressions et, en 2005, il a décidé d'envoyer des experts-comptables au Palais de Buckingham pour se pencher de plus près sur les dépenses royales.
À cette époque, explique The Independent, le palais était très endetté, avec des arriérés de paiement de 2,7 millions de livres. La reine avait même tenté de faire appel à un fonds de lutte contre la pauvreté, finançant les travaux de chauffage pour les écoles et les foyers les plus démunis pour… refaire le système de chauffage de Buckingham Palace. Une demande qui a d'abord été considérée de manière positive, avant qu'un conseiller du ministère ne fasse remarquer que «l'affaire risquait de provoquer une couverture négative par la presse».
Inutile de préciser que les inspecteurs du ministère ont été très critiques sur la gestion de Buckingham. Ils ont ainsi demandé pourquoi le nombre d'emplois au palais considérés comme «rentables» avait décliné «de manière significative» d'une année sur l'autre, et pourquoi le montant versé aux artisans était sept fois supérieur à celui inscrit dans le budget.
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