Une XXVe Biennale chic mais sobre
Mots clés : Biennale des antiquaires, Jason Jacques, Steinitz et Léage
Par Béatrice De Rochebouet16/09/2010 | Mise à jour : 11:35 Réagir
Avec 87 exposants contre 95 en 2008, dont seulement 24 étrangers, le parcours est limpide. (Miguel Medina/AFP)
Dans un décor moins fastueux que d'ordinaire, les 87 antiquaires réunis au Grand Palais à Paris ont sorti, malgré la crise, de superbes trésors.
Où est passée notre excellence française? Si la Biennale des antiquaires reste un événement envié par le monde entier, avec son dîner très sélect de 1200 personnes, organisé cette année en périphérie des stands, elle a perdu quelque peu de son pouvoir magique. Fini l'extase devant une scénographie à la Pier Luigi Pizzi ou à la François-Joseph Graf qui, dans le passé, donnait jadis à cette manifestation sous la verrière du Grand Palais son caractère unique propre à faire la différence avec la foire de Maastricht aux Pays-Bas, actuellement considérée comme la première au monde.
Avec la crise, moins de faste, donc! Place à la sobriété, avec des allées claires, aérées, bordées de façades, et des entrées de stands soulignées par des auvents à la parisienne déjà vus précédemment. Avec 87 exposants contre 95 en 2008, dont seulement 24 étrangers, le parcours est limpide autour d'une piazza où la fontaine du genre Pol Bury bordée de poufs rose et fuchsia, assortis à des bouquets de roses, fait toutefois fausse note. L'ambiance est plus belle la nuit que le jour.
À défaut d'un décor féerique, il faut pénétrer dans les stands où quelques exposants ont quand même réalisé des prouesses, tel le New-Yorkais Jason Jacques. Il porte aux nues le XIXe siècle dans un écrin sombre bourré de céramiques de Carriès et de meubles de Carabin (1,85 million d'euros pour le bureau de 1891). Tels les Parisiens Steinitz et Léage, qui ont reconstitué à l'identique des intérieurs XVIIIe avec de sublimes boiseries de l'hôtel de Luzy ou du palais Paar à Vienne. Tel Aaron, qui a fait dessiner par Jacques Grange des murs à la Bérard. Tels les Vallois, qui ont réuni une trentaine de meubles et objets «pour la plupart uniques, jamais ou très peu vus et déjà tous vendus». Tel encore François Laffanour, qui a mis en scène les grands classiques de Perriand et Prouve (sa grande table à ailettes est vendue environ 1 million d'euros) sur des estrades en bois dans un intérieur cosy.
À défaut de rêver devant les décors, le visiteur rêve devant des objets incroyables, comme la grande idole anatolienne (milieu du IIIe millénaire av. J.-C.), aussitôt vendue à plus de 500.000 euros chez Kevorkian, ou la tête de Vajrapani greco-bouddhique du Gandara en terre cuite, proposée à 400.000 euros chez Barrère. Une prouesse en cette période de récession où il est difficile de sortir des chefs-d'œuvre. Si bon nombre d'objets exceptionnels à des prix abordables ont déjà trouvé preneurs, les grosses pièces attendent sur les murs comme Les Mains de Picasso, chez Krugier à 10 millions d'euros, ou le Triptyque mauve de Francis Bacon de 1970, déjà vu à Maastricht, et annoncé à 50 millions de dollars par la Marlborough. Au dîner de gala, la clientèle russe et américaine se pressait plutôt dans l'étroit couloir des joailliers Cartier ou Dior qui a vendu plus de 10 millions d'euros de bijoux en un soir.
Changement de rythme
Invoquant la crise et le coût exorbitant du Grand Palais, qui a augmenté de 40% son prix de location, nombre de galeristes parmi les plus réputés, comme l'Arc en Seine (Art déco), Patrick Seguin (mobilier d'architecte), Pierre Passebon (XXe) ou les Chevalier (tapisserie) ont renoncé. Certains, comme Jean-Marie Rossi, préfèrent organiser une minibiennale dans leur galerie. Avec 20% en moins d'exposants, le parcours est plus rapide, mais manque de force dans certaines spécialités (arts premiers ou tableaux modernes), faute de concurrence.
Dans les allées, les discussions vont bon train sur l'avenir de la Biennale. Doit-elle prendre un rythme annuel? À cette question de son président, Hervé Aaron, les membres du Syndicat national des antiquaires répondent plutôt par la négative. Accueillir plus d'exposants, comme à la foire de Maastricht ? Devenir encore plus élitiste ? Tout cela sera tranché le 25 octobre, lors de l'élection de son président. En vue de cette échéance, Hervé Aaron a demandé une étude à la société de conseil Bipe, connue pour son rapport sur le marché de l'art pour le Conseil des ventes.
Biennale des antiquaires, Grand Palais à Paris, jusqu'au 22 septembre. www.bdafrance.eu
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