mardi 8 juin 2010

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Le Pape exhorte à la paix dans les «pays de la Bible»

Mots clés : Synode, Église catholique, CHYPRE, MOYEN-ORIENT, Benoît Xvi

Par Jean-Marie Guénois
06/06/2010 | Mise à jour : 21:00
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Benoît XVI, dimanche, à la sortie du Palais des sports de  Nicosie.
Benoît XVI, dimanche, à la sortie du Palais des sports de Nicosie. Crédits photo : REUTERS

À Chypre, Benoît XVI a réclamé un effort international «urgent» pour éviter «de plus grandes tragédies».

De notre envoyé spécial à Chypre

Tourné vers le Moyen-Orient, Benoît XVI a symboliquement lancé, dimanche à Chypre, une mobilisation sans précédent de l'Église catholique pour la paix dans ces «pays de la Bible». Au-delà des mots de son «appel personnel» à un «effort international, urgent et concerté» pour trouver des solutions aux «tensions actuelles», c'est vers une œuvre de long terme qu'il entend engager l'Église en Terre sainte pour éviter «de plus grandes tragédies» .

Ainsi organise-t-il, du 10 au 24 octobre prochain, à Rome, ce qui pourrait ressembler à des états généraux pour une paix durable en cette région du monde. En termes ecclésiaux, un synode. Tous les évêques des pays du Moyen-Orient sont donc convoqués pour débattre et réfléchir sur le thème de «l'Église catholique au Moyen-Orient : communion et témoignage». Ils vont s'appuyer sur un document de travail (Instrumentum Laboris) que le Pape leur a justement remis dimanche. Symbolique et solennel, cet acte était l'objectif principal des trois jours de visite de Benoît XVI sur l'île de Chypre.

Ces quarante pages veulent avoir du poids (voir le «religioblog» du figaro.fr). D'autant qu'elles sont issues d'une large consultation des communautés locales, même si Rome en a ensuite assuré la synthèse. Sans langue de bois, évêques, prêtres et simples fidèles y expriment la grande tentation des chrétiens de quitter la Terre sainte devant ce qu'ils appellent «la montée de l'islam politique» et le risque du «ghetto». Quand ils ne sont pas pris directement en tenaille par le conflit israélo-palestinien. «L'occupation israélienne des Territoires palestiniens rend difficile la vie quotidienne pour la liberté de mouvement, l'économie et la vie sociale et religieuse.»

Deux axes majeurs se dessinent. En interne, tout mettre en œuvre pour freiner la diaspora des chrétiens, surnommé «le petit reste». À ce titre, le cas de l'Irak est emblématique puisque la guerre et la terreur antichrétienne ont fait fuir vers l'étranger plus de la moitié de cette communauté. Et, à l'extérieur, engager les chrétiens à bâtir une sorte de nouvelle culture pour ces pays. Elle est résumée sous le terme de «laïcité positive», le mot est cité à deux reprises ! L'intention étant de veiller à une meilleure «distinction» entre la religion et la politique.

De ce point de vue, le document ecclésial publié dimanche est très politique. La religion, estime le texte, a bien son mot à dire car «elle doit devenir toujours plus un motif de paix, de concorde, surtout de la part de ceux qui professent un Dieu unique». Le texte espère même un «dialogue trilatéral» entre les trois grandes religions. Avec une mission particulière pour les chrétiens : «Le devoir de dénoncer courageusement la violence, d'où qu'elle vienne, et de suggérer une solution qui ne passe que par le dialogue». Mais cela suppose certains préalables. Dont celui du droit de conscience. «D'aucuns soulignent l'importance de continuer à éduquer à la liberté, au respect de la liberté de l'autre et au dépassement des intérêts confessionnels pour plus de justice et d'égalité devant le droit, bref à une “laïcité positive”. Certains appellent à demander que soient prises des initiatives politiques et ecclésiales internationales ou encore à insister auprès des chefs politiques pour le respect de la liberté religieuse et de la liberté de conscience.»

«Dépasser le confessionnalisme»

Même liberté de ton quand il s'agit des questions internes de la vie de l'Église. Avec trois problèmes cruciaux. D'abord, la question des vocations sacerdotales : «L'écart entre la parole prêchée et le témoignage donné n'est pas à même de susciter des vocations à la vie religieuse et contemplative.» Ensuite, le problème de l'exemplarité du clergé : le texte va jusqu'à demander un examen de conscience : «Beaucoup de fidèles souhaitent de leur part une plus grande simplicité de vie, un réel détachement par rapport à l'argent et aux commodités du monde, une pratique rayonnante de la chasteté et une pureté de mœurs transparente.»

Enfin, la division des quinze Églises chrétiennes, dont sept Églises catholiques, souvent liée aux failles de l'histoire politique, théologique et liturgique. Plus d'unité des chrétiens en Terre sainte et entre catholiques rendrait les témoignages «plus sincères, plus crédibles et plus fructueux». Le document appelle donc «à dépasser le confessionnalisme dans ce qu'il peut avoir d'étroit ou d'exagéré, encourager l'esprit de coopération entre les différentes communautés, coordonner l'activité pastorale et stimuler l'émulation spirituelle et non la rivalité».




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