Spirou fait de la résistance... sous le manteau!
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C'est un peu LE canular de cette rentrée BD. Dans le sillage du 75eme
anniversaire de la naissance du personnage de Spirou, les éditions Dupuis
viennent ...
dimanche 7 février 2010
F,P,D Univers. Elsa Zylberstein
ELSA ZYLBERSTEIN
C’est une actrice instinctive qui aime les rôles forts et complexes. Après avoir incarné au théâtre la philosophe Hannah Arendt, elle enchaîne les tournages. Égérie du joaillier Mauboussin, Elsa se dévoile, parle de la vie et d’amour.
Paru le 06.02.2010 , par Marc Lambron
(1/3)
Madame Figaro – Elsa Zylberstein, vous venez d’incarner pendant quatre mois Hannah Arendt dans Le Démon de Hannah, une pièce d’Antoine Rault. Qu’en reste-t-il lorsque le rideau tombe ?
Elsa Zylberstein – Je me sens libérée et orpheline du rôle. Tous les soirs, entre neuf heures et minuit, je ressens encore les montées d’adrénaline de la scène. Mais le pigeon gris de Paris me rend parfois les choses fades. Je vais partir pour Los Angeles, c’est sain de bouger, de recharger ses batteries, de trouver dans les voyages un encouragement à la vie.
Vous devenez aussi l’égérie de Mauboussin…
Oui, je trouve cela assez joli pour une actrice, comme un cadeau, une alliance. J’avais envie d’une marque qui me ressemble, accessible aux femmes, sans ostentation. Pour une actrice, c’est une autre façon de s’incarner.
Comment êtes-vous née au cinéma ? Cela remonte à votre enfance ?
Une enfance assez banale et calme en banlieue parisienne. Mon père était physicien, ma mère travaillait chez Dior. Il y avait un côté rituel, comme un cocon structurant et clos. Je faisais beaucoup de danse classique, j’ai été initiée au dessin et à la musique, mais je parlais peu, j’étais timide, il y avait en moi quelque chose de feutré et de pas encore sorti. C’était une vie de « peut-être » où j’avais le sentiment d’attendre la suite.
Comment êtes-vous arrivée à la scène ?
Isabelle Adjani, sur l’écran, a été une révélatrice. Comme une reconnaissance d’émotion, de proximité avec la façon qu’elle avait de se perdre. Et puis, mon père rencontre un jour Charlotte Rampling dans un avion, qui lui recommande le cours Florent. J’étais toute petite, je n’avais pas de seins, je portais un petit pull bleu marine, mais le regard des autres vous redéfinit quand vous êtes timide. À la première audition, je me suis sentie choisie, c’était ma vie. Cette foi ne m’a jamais quittée, elle a grandi jusqu’à aujourd’hui. Je le consignais dans mes carnets.
Vos carnets ?
Oui, avec des citations. Je me répétais cette phrase de Rilke : « Un an ne compte pas, dix ans ne sont rien, être artiste c’est ne pas compter, c’est croître comme l’arbre qui ne presse pas sa sève et qui résiste, confiant, au grand vent du printemps, sans craindre que l’été ne vienne pas. L’été vient. »
"Je n’ai pas peur de me brûler les ailes"
(2/3)
Votre première apparition marquante, c’était dans le Van Gogh de Pialat ?
À 18 ans, je fais un casting pour être silhouette dans le film de Pialat. Sur le tournage, il renvoie la fille qui devait jouer la prostituée, en retient cinq autres en leur donnant un texte, puis me choisit en disant : « N’apprends pas le texte, c’est comme ça qu’on devient mauvaise. » On m’a poussée devant la caméra, j’ai embrassé Dutronc, qui sentait le cigare, alors que je n’avais jamais connu un garçon…
On a l’impression que vous recherchez l’intensité en jouant. Vous avez incarné Jeanne Hébuterne, la maîtresse passionnée de Modigliani, vous avez interprété Marcelle Sauvageot, une épistolière désespérément amoureuse…
J’aime les personnages sur le fil, en incandescence, les rôles forts et complexes. Mais si l’on me propose de jouer une boulangère qui a des problèmes de couple, cela m’intéressera. Il n’y a jamais de banalité pour moi, seulement des destins, des histoires particulières qui ont leur part d’extraordinaire. Le cinéma de Sautet ou de Téchiné a toujours montré ce poids de la destinée chez des gens qui ont l’air normal. La question pour moi, c’est de chercher dans le mille-feuille d’une vie ce qui n’est pas dit.
Dans le film La Fabrique des sentiments, vous incarniez une jeune trentenaire qui construit sa vie jusqu’à y asphyxier la part affective, la capacité d’amour. On a l’impression que vous êtes dans la vie le contraire de ça…
J’ai eu longtemps une crainte des émotions, des sentiments, de l’amour, et désormais j’y vais, je suis dans le non-contrôle, je ne calcule pas, je vais droit au coup de cœur, je suis très instinctive, presque à un point fou. Je me protège de moins en moins, il n’y a que deux choses qui m’intéressent : l’amour et le cinéma. (Rires.)
Je n’ai pas peur de me brûler les ailes, je suis effarée par la peur de ceux qui n’osent pas déclarer leurs émotions.
L’amour, cela suppose quelques clés ?
C’est la chose la plus difficile à réussir, surtout dans la durée. Je n’ai aucune recette, c’est de la dentelle, deux névroses qui se rencontrent, deux personnes qui vont essayer de danser ensemble. Les hommes que l’on rencontre disent quelque chose de vous à un moment donné, il y a du miroir en eux. Cela suppose beaucoup de « non » pour un « oui ». Est-ce que j’avais tant envie de dire « oui » par le passé, je me le
demande. Maintenant, je n’ai envie que de ça.
"Je suis impatiente, excessive parfois"
(3/3)
Est-ce qu’un acteur ne confond pas ses rôles et sa vie, parfois ?
On passe son temps à mettre ses blessures dans ses rôles, même si c’est le scénario d’un autre. Si l’on regarde Romy Schneider jouer, on voit dans ses yeux un monde qui s’ouvre. Avec Sean Penn, c’est un animal blessé, quelqu’un d’âpre et de violent. Un grand acteur ne joue qu’avec lui-même, relié à son rôle par des fils invisibles. Quand des choses difficiles me sont arrivées, je les ai prises comme un bien. Le cinéma m’a donné une vie chaotique, bizarre, faite d’envies, d’arrêts, de rencontres, de mémoire, d’abandon de soi. Et pour moi, c’est la vraie vie.
Quand vous interprétez Hannah Arendt, est-ce qu’il reste quelque chose de votre enfance ? Le souvenir de votre grand-mère Sonia qui avait dû fuir son pays et qui rencontra en France votre grand-père juif polonais…
Mon grand-père était marchand de tableaux, ma grand-mère faisait des fourrures pour le Bolchoï, elle avait un côté tchékhovien. Je crois que l’inconscient dessine un destin, je suis passionnée par des figures comme Edith Stein, Hannah Arendt, Hélène Berr, ces vies prises dans le chaos. J’aime les survivants, ceux qui recommencent, qui se sont réinventé malgré tout une vie à Paris ou à New York.
Qu’y a-t-il de sage, qu’y a-t-il de fou en vous ?
Mes émotions prennent souvent le pas sur la raison. Je suis impatiente, excessive parfois, il faut que quelque chose m’arrive, comme si la vie allait s’arrêter. Jamais je ne choisis un film pour son budget, parce que ce métier se fait dans l’inconfort. Le doute est porteur, c’est la première chose que m’a apprise Pialat. Jeanne Moreau m’a raconté que sur le tournage de Jules et Jim, c’est elle qui cuisinait les pâtes…
Vous avez dit cette chose singulière, mais probablement juste, qui est que la coiffure est la meilleure façon d’entrer dans un rôle.
La coiffure et les chaussures, parce que la coupe, le maintien, la façon de se tenir en découlent. J’aime beaucoup la mode, le style, le jeu de la chaussure. De plus en plus, je vais vers l’épure. Je sais ce qui me convient : peu de choses, du noir et blanc, des cardigans simples. La féminité, c’est l’âme que l’on dégage.
Des projets ?
Il y a le projet de longue haleine d’un sujet sur Arletty. Dans l’immédiat, je vais tourner avec Julie Depardieu dans un film inspiré de l’affaire Flactif, puis dans le premier film de Karine Silla-Perez, avec Valeria Golino, Cécile de France, Vincent Perez et Jalil Lespert.
Y a-t-il des rôles dont vous rêvez ?
Rien n’est plus gratifiant que d’être regardée par un metteur en scène. Comme on va passer beaucoup de temps sur un tournage, déjeuner ensemble, vivre ensemble, c’est presque le choix d’une amitié, d’une liaison potentielle. Plus ça va, plus je me dis qu’on ne doit rien forcer. Quand le moment est là, le metteur en scène vous choisit. Mon métier fait partie de moi. Plus la vie imprime des choses, moins il y a de tricherie possible. Cela se lit dans les yeux.
"Ideas del hombre y más .......".
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