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C'est un peu LE canular de cette rentrée BD. Dans le sillage du 75eme
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dimanche 7 février 2010
F,P,D Univers. Vincent raconte Van Gogh
Éric Biétry-Rivierre, envoyé spécial à Londres
26/01/2010 | Mise à jour : 10:35 |
Jusqu'à sa mort, à l'âge de 37 ans, Van Gogh n'aura cessé de vouloir améliorer son art. Crédits photo : AP
La Royal Academy éclaire l'œuvre en présentant en regard d'une centaine de toiles et de dessins un choix éloquent de lettres tirées de la correspondance du peintre.
L'Angleterre hisse haut les couleurs de Van Gogh. Voilà plus de quarante ans qu'elle se désespérait d'accueillir une exposition sur le «suicidé de la société» (Artaud), «un des peintres les plus chers du monde, avec Klimt, Picasso et Pollock». Un blockbuster absolu. De l'autre côté du Channel, le génial rouquin fait la une de tous les médias comme une star de foot ou de rock. Son arène à lui est l'auguste Royal Academy of Arts : six couleurs, six périodes, six salles. Sans compter l'espace de lecture décoré de photos géantes résumant sa vie et où l'on peut consulter sa correspondance à partir d'une dizaine d'ordinateurs. Ici le parti pris est de décrypter son art à travers ses lettres. Vincent racontant Van Gogh ? Le peintre mythique commissaire de sa propre expo ? L'idée est si évidente qu'on se demande pourquoi personne n'y avait pensé plus tôt. L'artiste n'a en effet cessé d'écrire. Non pas par besoin pathologique, comme pourrait le faire croire un corpus de 819 lettres subsistantes. Mais pour faire le point avec Theo, son frère, son galeriste et principal soutien. Ou - dans une moindre mesure - affiner sa réflexion sur l'art, la nature et la littérature en débattant avec ses amis poètes et peintres (on croise par exemple Seurat et Signac).
Sur place, cela se traduit par un choix d'une quarantaine de missives rédigées en néerlandais ou dans un français limpide, souvent agrémentées de croquis ou d'annotations de couleurs. Elles éclairent trente dessins et soixante-cinq toiles placés en vis-à-vis, parmi lesquels des icônes absolues de l'année 1888 (celle de l'oreille coupée), tels Autoportrait comme peintre et La Maison jaune du Musée Van Gogh d'Amsterdam, ou encore L'Entrée du jardin public à Arles de la Phillips Collection de Washington.
Ce rapport du papier à l'huile révèle un travailleur acharné. «De nombreuses lettres montrent que Van Gogh faisait des préparations méticuleuses et dosait très précisément sa palette, résume Ann Dumas, conservatrice de la RA. Ce n'est qu'ensuite qu'il peignait, très vite certes.» On réalise alors qu'il est tout aussi faux de voir dans les toiles des épanchements inconsidérés que, dans les lettres, la logorrhée d'un malade. Les premières sont des compositions sophistiquées, les secondes de purs moments de littérature.
La première partie, sombre, rappelle le travail en Hollande. Quand, à 27 ans, le travail commence à être aussi intense que l'insatisfaction. La plume se fait fine et soignée pour les paysages. Tantôt hachures tantôt pointillés ou encore lignes contournées : les traits saturent l'espace. La mine ou la craie, elles, frisent la caricature dans les anguleux portraits de paysans ou de Sien, la pitoyable prostituée qui accepta de servir de modèle pour ne pas crever de faim. Les huiles sont pareillement rugueuses et morbides. Quant à la lithographie des Mangeurs de pommes de terre, elle possède un grain que le tableau (absent) n'a pas.
Des sculptures de virgules
Puis la couleur explose, intense. Dès la deuxième salle et l'arrivée à Paris. Dès l'étude de Delacroix, la découverte de Monticelli et de l'estampe japonaise. «Pas de bleu sans jaune et sans orange», affirme l'artiste. Il ne dérogera jamais à cette règle. Pas plus à Auvers, peu représenté à la RA, que dans les flamboyants et démesurés empâtements des Cyprès ou des champs de blé de Saint-Rémy. De véritables morceaux de peinture abstraite, saisissantes sculptures de virgules séchées qu'aucune reproduction ne saura jamais rendre.
Ainsi, jusqu'à sa mort, à l'âge de 37 ans, Van Gogh n'aura cessé de vouloir améliorer son art. C'est, avant les hallucinations et la paranoïa, sans doute cette frustration qui l'aura poussé à se suicider. En témoigne en fin de parcours sa dernière lettre, écrite en plein soleil, le 23 juillet 1890. Trouvée sur sa poitrine trouée, tachée peut-être de sang, elle n'a jamais été jamais postée. Elle remercie une fois de plus Theo pour son billet de 50 francs. Mais on y lit aussi cet aveu sur ses «efforts de pensée assidûment fixée pour chercher à faire aussi bien qu'on peut».
LA CRITIQUE
Aucun trésor d'Orsay. Pas de nuit étoilée, de meules, de champs de maïs, de grands iris, d'envols de corbeaux, et point d'autoportrait à l'oreille bandée ! Alors, déçu ? Non : Van Gogh fut assez productif pour qu'on en admire d'autres facettes. Soutenue par le musée d'Amsterdam et de nombreux prêteurs américains, l'exposition rend bien compte de chacune de ses périodes. On passe soudain de l'âpre noirceur du monde paysan, traité par un réalisme exacerbé, aux feux d'artifice et aux flammèches d'un œil halluciné aussi bien par la barbe d'un facteur que par les cyprès provençaux ou les ondulations d'Auvers.
Grâce aux lettres et aux cartels qui donnent les extraits les plus à-propos de la correspondance, Van Gogh s'explique sur de telles évolutions. Cela le rend encore plus proche et émouvant. Il écrivait clair et sincère. On se penche donc avec curiosité sur ces minces feuilles remplies recto verso. Vitrines et cimaises se prêtent à l'examen rapproché. On tombe alors nez à nez sur un professionnel sensé, minutieux, humain et fragile. À des années-lumière du génie spontané créé par le mythe. S'il peint vite, Van Gogh médite et prépare longtemps.
PRATIQUE
À Londres,jusqu'au 18 avril à la Royal Academy of Arts (entrée plein tarif 12 livres, rés. : 0844 209 1919 ou sur www.royalacademy.org.uk). Catalogue R & A, 304 p., 22,95 livres. De Paris (gare du Nord), 2 h 15 par Eurostar (www.eurostar.com).
À Amsterdam,le Musée Van Gogh accueille Gauguin du 19 février au 6 juin. Cette exposition est la première à porter attention à la «Suite Volpini» : un jeu d'estampes présenté par Gauguin dans le Café des Arts de M. Volpini, lors de l'Exposition universelle de Paris en 1889.
À Paris,depuis le 15 décembre, en raison de la rénovation du dernier étage, le Musée d'Orsay a redéployé ses impressionnistes et postimpressionnistes au rez-de-chaussée, galerie Lille. Mais les Van Gogh (et les Gauguin) ayant été choisis pour tester le nouvel éclairage et les nouvelles cimaises (de gris clair à noir) se trouvent côté Seine, salles 19 et 20.
La correspondance de Van Gogh est rééditée chez Actes Sud. Soit, en six volumes sous coffret, 819 lettres de sa main et 83 de proches et 4 300 illustrations couleur (325 euros jusqu'au 31 janvier 2010). www.vangoghletters.org.
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