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BANIFI-FOPLADE- Le trafic des œuvres d'art
s'est mondialisé
Claire Bommelaer
04/12/2009 | Mise à jour : 22:49 |
Tous les pays sont touchés par les vols de tableaux et de statues, ce qui rend le travail de la police de plus en plus compliqué. Des spécialistes étaient réunis vendredi à Paris.
Après des mois d'enquête, les limiers de l'Office central de lutte contre le trafic d'art (OCBC) ont débarqué, mardi matin, à Drouot, la célèbre maison de vente aux enchères parisienne. Bilan : douze personnes interpellées, dont un commissaire-priseur et un commissionnaire mis en examen depuis pour «vols en bande organisée». Au passage, les policiers ont récupéré un paysage de Gustave Courbet, volé en 2004.
L'affaire, une première pour la vénérable institution, n'est pas si surprenante que cela. Réunis vendredi à Paris, les spécialistes du trafic des biens culturels ont dressé un constant alarmiste : le vol d'œuvre d'art est une activité vivace. «Ne serait-ce que parce qu'il est très lucratif», résume laconiquement Karl-Heinz Kind, d'Interpol.
Depuis peu, une liste fascinante de tous les chefs-d'œuvre disparus, dressée par ses services, est accessible sur Internet. Le plus spectaculaire, c'est bien sûr les peintures classiques volées dans des musées prestigieux. Des Vermeer, des Goya, des Véronèse, des Renoir, des Cézanne, subtilisés au nez et à la barbe des conservateurs du Louvre, de l'Ermitage ou du Musée Van Gogh.
La Sortie de l'Église Nuenen de Van Gogh a été dérobé en 2002, à Amsterdam. Il n'a pas été retrouvé.
La Sortie de l'Église Nuenen de Van Gogh a été dérobé en 2002, à Amsterdam. Il n'a pas été retrouvé. Crédits photo : AFP
Le 3 mai 1998, Le Chemin de Sèvres, de Camille Corot, disparaît du Louvre, en plein dimanche. Le 7 décembre 2002, deux cambrioleurs cassent une vitre du Musée Van Gogh, à Amsterdam, et s'emparent de deux toiles du maître, dont la Sortie de l'Église Nuenen. Les voleurs ont été rattrapés, mais les tableaux restent à ce jour introuvables.
Les prix inouïs du marché de l'art attisent les convoitises. Très à la mode, Picasso est une des valeurs sûres des voleurs. Mais ce jeu illicite ne concerne pas que des toiles de maître : tout, ou presque, se pille. Vases, pendules ou sculptures ont disparu des châteaux de Fontainebleau, de Compiègne ou de Vaux-le-Vicomte. Au château de Bouges (Indre), une pendule réalisée pour Louis XVI disparaît entre le 28 et le 29 mai 1991. Volée par des manouches, revendue à un receleur belge, à un Néerlandais, puis à un marchand allemand, elle atterrit chez un antiquaire anglais qui la vend alors à Silvio Berlusconi pour 700 000 francs. Ce dernier, considéré comme de bonne foi, a proposé de le rendre, moyennant remboursement. Mais la France n'a pas donné suite.
Recel sur Internet
Les périodes de travaux dans les églises sont propices au pillage d'art sacré. Les cathédrales de Perpignan, de Rennes ou de Toulouse ont été cambriolées. Quant aux guerres, elles mettent certains pays à livre ouvert pour le banditisme. Les conflits afghans ont vidé le musée de Kaboul de la quasi-totalité de ses 15 000 pièces, sous l'œil complice des talibans.
Au départ apanage de marchands, d'antiquaires et de conservateurs peu scrupuleux, le vol est en train de passer entre les mains de malfrats. «On voit à la fois apparaître de la petite criminalité d'opportunité et du grand banditisme», témoigne Jean-Yves Martin, directeur des Musées d'art et d'histoire de Genève. Lorsqu'un chef-d'œuvre est précisément trop connu pour être revendu, il sert de monnaie d'échange pour des cargaisons de drogue.
Les organisations internationales ne restent pas inactives face à ce trafic qui évolue vite. Puisqu'il devient difficile d'écouler les butins en Europe, les voleurs s'orientent vers les pays du Golfe. À coup d'accords internationaux et recommandations de bonnes pratiques pour les musées acquéreurs, les spécialistes cherchent à couper la tête l'hydre. Interpol et l'OCBC font un travail de fourmi, souvent récompensé. Mais ils doivent désormais lutter contre Internet.
«Sur e-Bay ou ailleurs, on voit des objets douteux. Il est très difficile d'obtenir, de la part de la plate-forme de vente, l'identité du vendeur», regrette José Carrera Tellado, inspecteur à la brigade d'enquête espagnole. Vendredi, tous ces fins limiers ont réclamé l'inscription d'une alerte à l'usage des acheteurs, comme c'est le cas pour la contrefaçon et le téléchargement illégal de films.
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