Spirou fait de la résistance... sous le manteau!
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C'est un peu LE canular de cette rentrée BD. Dans le sillage du 75eme
anniversaire de la naissance du personnage de Spirou, les éditions Dupuis
viennent ...
samedi 19 décembre 2009
F,P,D Univers. Racine, Corneille, Voltaire et Diderot remis en jeu
Florian Zeller
11/12/2009 | Mise à jour : 17:56 |
«Platée», de Le Valois d’Orville et Rameau, – repris en 2006 par Laurent Pelly – triompha déjà à Paris en 1749. Crédits photo : (Pascal Victor/Artcomart)
Deux livres publiés par les Editions de L'Avant-Scène le rappellent : le théâtre français des XVIIe et XVIIIe siècles marqua une forme d'apothéose de notre culture.
Le premier sentiment qui nous traverse, en ouvrant l'anthologie sur le théâtre que publie L'Avant-Scène, c'est l'étonnement : comment se fait-il qu'un tel ouvrage n'existait pas encore ? Les romans ont eu leur Lagarde et Michard et sa centaine d'avatars, la poésie ses milliers d'anthologies, tandis que le théâtre n'avait rien, malgré la contribution qu'il a apportée à la compréhension du monde et les émotions qu'il a procurées aux hommes. C'est obéissant à sa passion pour le théâtre que Philippe Tesson s'est engagé dans cette aventure éditoriale : après le XIXe siècle, voici que sortent les tomes consacrés au théâtre français du XVIIe et du XVIIIe siècle. Le résultat est merveilleux.
L'ouvrage se présente d'abord comme une analyse de l'histoire de cet art. On y apprend beaucoup de choses, car les auteurs, sous la direction de Christian Biet, ont eu l'intelligence de ne pas en négliger les épisodes les plus mineurs. Ainsi, le XVIIe siècle ne se résume-t-il pas au fascinant triptyque Corneille-Racine-Molière : à l'ombre de ces géants qui, à eux seuls, ont bouleversé l'art théâtral, et au-delà de la célèbre querelle entre le baroque et le classicisme, on découvre la diversité des formes et des tentatives. Sans parler du fait que certains textes ont litté ra lement été sortis de l'oubli, comme celui de l'étonnant Tabarin qui, vers 1618, attire les foules autour de ses tréteaux, place Dauphine, tout près du Pont-Neuf, en récitant son Recueil général.
Mais, surtout, l'intérêt de cette anthologie tient au choix judicieux de proposer, à chaque extrait, non seulement un commentaire qui l'éclaire, mais une analyse d'un metteur en scène ayant travaillé sur la pièce en question. Car le théâtre, c'est d'abord du spectacle, et il est traversé par la vie. Cette anthologie tenait à insister sur cette dimension fondamentale ; sa lecture en est d'autant plus passionnante : voir Muriel Mayette racontant sa mise en scène très « rock » de Clitandre de Corneille, en 1996, à la Comédie-Française. «Je ne cherchais pas systématiquement la provocation, explique-t-elle. J'avais l'âge de l'innocence délivrée, et je la pratiquais naturellement, pour ainsi dire.»
Un art vivant en perpétuelle réinvention
Un peu plus loin, après s'être arrêté sur le célèbre monologue de Rodrigue dans Le Cid («Mon mal augmente à le vouloir guérir / Tout redouble ma peine») et avoir compris pourquoi, à l'époque, l'Académie française avait condamné ce chef-d'œuvre, on peut lire le commentaire qu'en font deux metteurs en scène. En 1985, Francis Huster monte la pièce au Théâtre du Rond-Point et précise sa vision du texte : «La résistible ascension du Cid, c'est la construction d'un tueur ! Ce qui le sauve, c'est sa jeunesse, mais il y a un côté Apocalypse Now chez ce personnage... » En 1988, Gérard Desarthe la met en scène à son tour et raconte : «Je ne voulais pas d'un western moyenâgeux, comme venait de le faire (très bien) Francis Huster. Dans ma vision de l'œuvre... »
Ce dialogue entre les époques et les artistes rappelle à quel point le théâtre est art vivant, en perpétuelle réinvention, et qu'il n'aurait pas pu se laisser figer dans une antho logie purement chronologique, déconnecté de sa destination première : la représentation.
Sous la direction de Pierre Frantz et Sophie Marchand, le volume consacré au XVIIIe siècle raconte avec beaucoup de pédagogie la sortie du classicisme. La doctrine qui, jusque-là, s'imposait à tous fait l'objet de remises en cause virulentes. On s'amuse à voir des auteurs comme Voltaire ferrailler avec Sophocle et Corneille, et écrire dans la préface de L'Enfant prodigue, en 1738 : «Tous les genres sont bons, hors le genre ennuyeux.»
Ou Diderot n'hésitant pas à s'en prendre à Aristote pour combattre toute prétention normative en matière d'écriture dramatique. Au-delà des interminables polémiques, on admire la vivacité extrême des querelles et la haute conception que ce siècle se faisait de l'art théâtral. De même que l'on s'étonne que ces auteurs - Voltaire et Diderot -, qui ont été l'incarnation du théâtre de leur temps, soient aujourd'hui si peu joués. Les auteurs du XVIIIe qui nous fascinent le plus sont précisément ceux qui, comme Marivaux, semblent déconnectés de leur propre époque. Mais il suffit de choisir, au hasard, l'une de ses répliques pour savoir pourquoi : «Jurons-nous de nous aimer toujours, en dépit de toutes les fautes d'orthographe !» Il n'y en a aucune dans ces deux tomes, qui s'adressent à tous les amoureux du théâtre, lesquels se réjouiront d'apprendre que, pour clore la collection, le numéro consacré au XXe siècle sortira en 2010.
Le Théâtre français du XVII e siècle et Le Théâtre français du XVIII e siècle, Editions
de L’Avant-Scène, 581 et 599 p., 30 € chaque
"Ideas del hombre y más .......".
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