samedi 4 juillet 2009


F,P,D Univers.20 sur vin : Normale Sup
bat Cambridge
Bernard Burtschy
25/06/2009 | Mise à jour : 09:39 |

L'équipe de Cambridge, une des quatre équipes finalistes
Les meilleures grandes écoles françaises et anglaises viennent de se défier, sans concessions, sur le pré carré du vin. Conduits par l'École normale supérieure, les Français ont triomphé. En y mettant la manière.

Vieille institution bordelaise, la Commanderie du Bontemps de Médoc et Graves Sauternes et ­Barsac s'offre tous les ans un coup de jeune en organisant le concours 20 sur vin, qui réunit les meilleures écoles françaises et britanniques. La grande finale vient d'avoir lieu dans le superbe chai de Lafite-Rothschild dessiné par Ricardo Bofill.

Sur l'estrade, quatre équipes de trois se disputaient le titre, deux anglaises, Oxford et Cambridge toujours aussi rivales, deux françaises, l'École normale supérieure et Sciences Po, qui avaient triomphé un mois plus tôt dans la demi-finale organisée par Sup de Co Paris. Dans la salle, le public enthousiaste et passionné était composé des concurrents malheureux des éliminatoires, qui avaient bénéficié de deux jours de visites dans les grands châteaux bordelais. Le jury était composé de membres de la Commanderie en grand apparat et de quelques personnalités du vin.

La première épreuve consistait en un inévitable questionnaire à choix multiples (QCM) d'une dizaine de questions. Particulièrement bien rodées à ce type d'épreuves, les quatre équipes ont survolé les questions, dont certaines étaient machiavéliques, et restaient au coude à coude. Pourtant, certaines n'étaient pas faciles. Savez-vous ce que signifie «cinamontrie» ? Même le vieux briscard Charles Chevalier, directeur technique de Lafite-Rothschild, était impressionné : «C'est fou ce qu'ils savent de choses, ces jeunes !»

Une épreuve sournoise

La deuxième épreuve consistait en une saynète de deux minutes sur un sujet tiré au sort avec deux minutes de préparation. Chacune des équipes s'en est ­sortie avec humour et brio. À la question «vin jeune ou vin vieux», Oxford avait mis en scène un vieil Anglais débarquant en France, adepte de vieux vins, avec son ­jeune neveu ouvert à toutes les aventures et comme arbitre un sommelier français tentant de concilier l'inconciliable.«Un désopilant résumé d'une situation courante. Non seulement ils sont brillants, mais ils sont d'excellents comédiens», souriait Jean-Guillaume Prats, le directeur de Cos d'Estournel, deuxième cru classé de Saint-Estèphe.

Seul problème, les équipes étaient toujours à égalité. Arrive l'épreuve vérité de la dégustation. Les équipes anglaises ont brillé dans la première série, où il fallait classer, à l'aveugle, trois vins rouges d'appellations et de millésimes différents. Les Français ont renversé la vapeur dans la deuxième série où il fallait commenter un vin rouge dif­férent pour chaque équipe en déterminant l'appellation, le millésime et le domaine. «Quelle justesse dans les commentaires !» précisait Emmanuel Cruse, grand chambellan de la Commanderie et propriétaire du Château d'Issan, cru classé de Margaux.

Ultime épreuve, le suspense est à son comble, identifier à l'aveugle deux vins liquoreux, donner le nom du domaine, l'appellation et le millésime. L'épreuve était particulièrement sournoise, car il s'agissait du château-nairac et de château-filhot dans le millésime 2001, tous deux 2es crus classés, l'un à Barsac, l'autre à Sauternes. Elle était sournoise, car le premier était d'un splendide jaune doré, caractéristique des sauternes, alors que le second était très pâle, ce qui est plutôt l'apanage des barsacs. Contre toute attente, Normale Sup a identifié directement à la fois château-nairac et son appellation de Barsac, remportant le concours. «Chapeau bas !» soulignait Xavier de Pontac, propriétaire du Château Myrat, cru classé de Barsac.

Restait à départager Oxford et Sciences Po, deuxièmes ex aequo, ce qui fut fait à l'aide d'une question subsidiaire sur le nom du meilleur sommelier du monde actuel qui est le Suédois Andreas Larsson. La domination française était, cette année, sans partage. Présidé par le baron Éric de ­Rothschild, de superbes lots composés de crus de chacune des appellations représentées au sein de la Commanderie ont été distribués aux lauréats, mais aussi à ­toutes les équipes arrivées en finale.

La domination française

Le dîner, servi dans le superbe cuvier de Lafite-Rothschild, qui rassemblait les équipes, le jury et le public, s'annonçait très classique avec les petits verres dans les grands. Mais il ne s'est pas déroulé dans le style un brin compassé qui est le lot de ce type de dîners. Très en verve, l'équipe de Normale Sup avait aussi organisé avec soin la «troisième mi-temps» avec toute une série de chansons qui réjouissaient les cœurs de la confrérie.

Moment d'anthologie, poussé dans ses retranchements par ce jeune public enflammé qui avait animé de fort belle manière la soirée, le baron Éric de Rothschild a chanté avec humour Le Sapeur Camembert. Inutile de dire que la soirée s'est achevée très tard - et tout le monde est rentré gentiment en bus, sans d'ailleurs le moindre excès.


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