Les hommes des cavernes sont devenus très modernes !
Certaines habitations privées, comme le gîte Troglododo sur le chemin des Caves, à Azay-le-Rideau, offrent tout le confort d'un hôtel aux visiteurs de passage. (Franck Prignet/Le Figaro Magazine)
Plus de 5000 personnes ont choisi d'habiter dans des maisons troglodytiques en France. Ni rats des villes ni rats des champs, ils vivent heureux, cachés dans le creux d'une roche. Enquête sur un phénomène qui fait de plus en plus d'adeptes.
«L'image de la maison troglodytique habitée par des pauvres gens a fait son temps», explique Harold, autour de succulentes asperges qu'il vient de ramasser dans son jardin. Il poursuit :«Autrefois, c'étaient des gens tout à fait normaux qui habitaient dans les levées de la Loire.» On appelle des «levées» les coteaux calcaires bordant le dernier fleuve sauvage d'Europe. Le plus riche aussi en habitations troglodytiques, le long de son cours paresseux.
Avant d'être un gîte hôtelier avec trois suites luxueuses et onze chambres de charme disposées autour d'une superbe piscine creusée dans la roche, la Demeure de la Vignole était un ancien village troglodytique du XIIe siècle. Accrochée au coteau, elle est encore dominée par la résidence du grand trésorier de René d'Anjou. La demeure de La Reynière, à Saint- Etienne-de-Chigny, était la maison du régisseur du duc de Luynes. Son actuelle propriétaire, Béatrice Lecuirot, donne des cours de cuisine dans la belle salle voûtée creusée dans la roche. A l'endroit même où, il y a trois siècles, marmitons et rôtisseurs s'activaient à la lueur des bougies autour d'un grand feu de cheminée.
Plus modestement, des milliers de logis troglos sont aujourd'hui réinvestis par des jeunes venant de tous les horizons. On compte 45.000 entrées de cavités sur la seule vallée de la Loire, et entre 800 et 1000 kilomètres enfouis sous la roche. «Et pas seulement dans la région, mais un peu partout en France, cette façon de vivre très écologique a séduit les jeunes», précise Stéphanie Rabourdin, propriétaire avec son mari, Gilles, d'une ravissante demeureprieuré dont les cloches tintent encore pour annoncer les amis à la porte du jardin. «Pour la plupart, ce sont des couples avec ou sans enfants qui recherchent un mode de vie en accord avec la nature, et ce sentiment de liberté et de protection qu'on ressent, caché dans un trou de tuffeau.» Autour de la table, les murs découpent leurs formes fantastiques taillées dans la roche. Par la baie vitrée, on aperçoit les toits d'ardoise et les pignons du vieux Chinon qui se détachent sur le ciel. Le profil troglo? Ce n'est pas seulement un art de vivre, comme nous avons pu le constater chez l'architecte Jean-Claude Drouin, à Rochecorbon, où les formes contemporaines, tout en proportions justes et en couleurs vivantes, se marient avec les verrières d'une serre réaménagée à flanc de coteau. C'est aussi tout un réseau d'amis qui se connaissent et se rencontrent pour discuter et faire la fête autour d'une passion commune. Dis-moi ce que tu as fait de ta grotte, et je te dirai qui tu es ! Les troglos ont tous les âges. Jean-Claude Drouin y est venu après une longue carrière aux Etats-Unis, lorsqu'il a décidé de se réinstaller en France. Mais des plus jeunes, comme Gilles et Stéphanie Rabourdin, y sont venus beaucoup plus tôt. A 30 ans, ils ont eu le coup de foudre pour ce type de maison et le courage d'y faire eux-mêmes les travaux nécessaires pour la rendre habitable.
Ces maisons troglodytiques possèdent souvent des jardinets pleins de charme, comme ici chez Daniel Pépin, à Montsoreau. (Franck Prignet/Le Figaro Magazine)
Lorsqu'on commence à questionner les fans des troglos, on en a jusqu'au petit matin, tant ils sont intarissables. Harold Schmitt habite avec sa famille un ensemble d'anciennes caves à vin creusées sous le niveau du sol, et disposées autour d'une courette qu'il a transformée en jardin potager. «Il est important, précise-t-il, d'être propriétaire du toit de sa maison, afin de pouvoir contrôler sa végétation. En effet, il suffit que l'occupant du niveau supérieur plante un arbre aux racines profondes dans son jardin pour que vous risquiez de vous retrouver avec de sérieuses infiltrations dans votre plafond...» L'exposition de la maison troglodytique est aussi très importante:«Pour des raisons de lumière et aussi de chaleur, il est préférable d'être exposé plein sud.»
On échange des idées sur la façon d'isoler la roche, le mode de chauffage ou de ventilation. Pompe à chaleur transformant l'air extérieur en calories, panneaux solaires, chauffage au sol ou au poêle à bois, fuel ou électricité... Toutes les méthodes sont requises pour assainir l'atmosphère de ces logis qui ne sont pas toujours garantis contre l'humidité. Comme le souligne Stéphanie:«On peut agrandir son habitat au gré de sa fantaisie, creuser une pièce supplémentaire dans le tuffeau ou élargir un passage pour investir la cavité voisine, à condition de bien connaître le terrain autour de chez soi.» Bien sûr, il est recommandé de faire appel à un expert géologue pour être sûr que la paroi rocheuse est assez épaisse et que le toit ne risque pas de vous tomber sur la tête. Il faut savoir qu'au-delà de 18 mètres de profondeur, on ne gère plus le problème de l'humidité. Troglo ma non troppo, en somme.."Ideas del hombre y más .......".
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