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À Venise, l'architecture est un rêve éveillé
À la 12e Biennale de Venise, les plus grands architectes du monde présentent des projets futuristes. Certains très concrets, d'autres irréalistes, tous très étonnants.
"Multiplicity" de John Wardle et Stefano Boscutti, en Australie. Dans leur film en 3D les architectes australiens donnent une vision des métropoles en 2050 dans un pays où 93 % de la population vit dans les villes. Multiplicity donne des pistes de réponses aux nouveaux enjeux planétaires, comme le réchauffement climatique et le développement de la population. John Wardle Architects & Stefano Boscutti
"Taichung Metropolitan Opera House" de Toyo Ito &Associés, à Taïwan. Ce maître japonais de l'architecture conceptuelle, qui a eu Kazuyo Sejima dans son agence, est le champion des constructions ne répondant à aucune loi de la pesanteur. Fait de murs courbes, son projet d'opéra qui devrait ouvrir en 2013 est un labyrinthe de vides et de pleins. Avec ses alvéoles merveilleusement dessinées (les superbes croquis aquarellés sont même plus explicites que les maquettes), ce bâtiment organique, qui joue à l'intérieur sur les verticales et les horizontales, a une densité qui ressemble à un gruyère. Les immenses maquettes nous replongent dans le monde des Télé Tubies. Vincenzo Pinto/AFP
"Bluepint" (empreinte bleue) de Do ho Suh et Suh Architects, en Corée. Ces architectes coréens, qui vivent et travaillent à New York et Londres, s'interrogent sur la maison. Celle-ci est matérialisée par un immense voile bleu cousu main de plus de 12 mètres posé à l'horizontale pour permettre au visiteur de voir sa structure. Elle est censée représenter la façade d'une maison à New York où vit l'un d'entre eux. Au-delà de l'entrée, le spectateur se trouve debout sur ce qui semble être l'ombre de l'immeuble. Mais cette plongée dans un bleu de cobalt qui fait rêver permet de s'interroger sur la frontière entre le réel et l'irréel. Vincenzo Pinto/AFP
"Cloudsscapes" (échappées dans les nuages) de Transsolar et Tetsuo Kondo Architectes, au Japon. Monter sur un vrai nuage et matérialiser l'air invisible, c'est possible grâce à la rampe en spirale installée au milieu de l'Arsenal par ce groupe d'architectes japonais qui nous fait passer du froid au chaud. Un système sophistiqué sature l'air d'humidité jusqu'à la formation de ce nuage qui selon sa position modifie nos sensations de visibilité et de température. On ressort comme différent de la moiteur. Cette construction olfactive n'est pas un mirage! Vincenzo Pinto/AFP
"Terrain hylozoïque" de Philip Beesley Architect, au Canada. C'est une forêt futuriste sortie d'Avatar! Plongée dans une semi-obscurité, cette installation composée de milliers de composants d'acrylique transparent dotés de microprocesseurs et de senseurs réagit au passage du visiteur en ondulant. Les feuilles bougent, les lumières clignotent. Le tout sans un bruit dans un mouvement fluide qui laisse le visiteur sans voix. Son concepteur, Philip Beesley s'est inspiré de l'hylozoïsme, doctrine philosophique soutenant que toute matière est douée de vie et qui a donné son nom au projet : Terrain hylozoïque. Philip Beesley Architect Inc.
"Multiplicity" de John Wardle et Stefano Boscutti, en Australie. Dans leur film en 3D les architectes australiens donnent une vision des métropoles en 2050 dans un pays où 93 % de la population vit dans les villes. Multiplicity donne des pistes de réponses aux nouveaux enjeux planétaires, comme le réchauffement climatique et le développement de la population. John Wardle Architects & Stefano Boscutti
C'est une atmosphère onirique qui plane sur la lagune où 56 nations ont planché sur le thème «Les gens se rencontrent à travers l'architecture», proposé par Kazuyo Sejima, première femme à diriger la Biennale d'architecture de Venise. À défaut de pouvoir exposer des constructions, on y confronte des idées. Celles-ci ne manquent pas, elles fusent même. Certains font dans le concret comme le Pavillon français qui réfléchit en image avec Dominique Perrault sur la Métropole; celui du Brésil retrace 50 ans de constructions après Brasilia; celui du Japon montre les maisons multifonctionnelles de l'atelier Bow-Bow pour Tokyo. D'autres font dans l'abstrait comme le Pavillon belge qui montre les usures de l'architecture comme des tableaux accrochés sur les murs ou celui de l'Égypte qui propose une «quête du salut», donc de la délivrance dans une immense sculpture habitable couleur or des sables.
Une épure éphémère
Mais ce grand laboratoire où toutes les formes de représentation même les plus folles sont permises, est, au delà des questionnements urbains, écologiques, politiques et sociaux, une invitation au rêve. Pour comprendre et vivre l'expérience de l'architecture, qui est parfois philosophique, il nous faut démultiplier nos sens.
Architecture rime avec espace. Celui-ci peut être occupé par l'air avec le nuage sur lequel Transsolar et Tetsuo Kondo du Japon invite à monter. Par le bruit avec l'installation en ovale de haut-parleurs diffusant 40 voix enregistrées séparément de l'artiste canadienne Janet Cardiff (2001). L'architecture chante alors comme autant de variations sonores dans une construction. Par la lumière avec l'immense machine pivotante verte fluo de l'agence française R & Sie (n) qui analyse le comportement de l'homme dans le noir et joue avec toutes ses peurs et ses pathologies. Ou encore par l'eau avec le ballet de pluie sonore du Scandinave Olafur Eliasson que l'on peut suivre par un effet de lumières stroboscopiques dans une immense salle plongée dans l'obscurité. Cette installation muséale à couper le souffle s'intitule Votre maison en un clin d'œil, visuelle mais impalpable…
Les limites de l'espace se résume à quelques fils tissés par le Japonais Junya Ishigami, Lion d'or du meilleur projet. Son étude pour le vignoble de Château La Coste est une épure éphémère, transparente, en lévitation où chaque individu trouve sa place par instinct. À défaut de comprendre le sens de chacune de ces installations, on peut avoir de l'émotion devant ces pseudo-architectures qui flirtent, comme il y a deux ans, avec l'art contemporain. Le message se doit d'être grandiose, donc, spectaculaire.
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