Le Louvre perce les secrets des sables d'Arabie
Mots clés : Louvre, Routes d'Arabie, PARIS
Par Eric Bietry-Rivierre02/09/2010 | Mise à jour : 12:02 Réagir
La nécropole de Hégraest un haut lieu d'architecture troglodytique antique. (© 2010 musée du Louvre / Droits réservés)
Une exposition riche en trésors archéologiques inédits montre que l'essor des routes caravanières ne date pas de Mahomet.
On pouvait craindre que cette exposition ne soit qu'un remerciement du Louvre à ses généreux mécènes saoudiens. Mais «Routes d'Arabie» est bien plus qu'une simple apologie de la monarchie islamique. Les trois cents pièces sélectionnées - stèles, sculptures, poteries, vaisselle d'argent ou bijoux précieux - n'avaient pour la plupart jamais quitté la péninsule orientale. Ensemble, bien présentées parmi des cartes, des films et les photographies panoramiques des somptueux paysages offerts par un désert grand comme quatre fois la France, elles ont la force d'une révélation: celle d'un passé brillant et prospère, quasiment insoupçonné sous nos latitudes.
La période préislamique, en particulier, est riche. Surprise: les autorités saoudiennes ont joué franc jeu en autorisant la mise en valeur de sculptures anthropomorphes. Ce n'était pas gagné car dans les pays du Golfe l'histoire officielle commence avec l'islam, au VIIe siècle après Jésus-Christ. Surtout, Mahomet a mis fin au polythéisme en détruisant les idoles et les musulmans rejettent unanimement toute image figurative de Dieu.
On découvre ainsi toute une suite de civilisations, dont la première est active dès le IVe millénaire avant notre ère. La plus belle de ses figures et aussi la plus énigmatique - surnommée «l'homme souffrant» à cause de son expression -, a été trouvée au Nord, et n'a même encore jamais été montrée au grand public saoudien.
Plus récents, trois colosses en grès rouge, coiffés à l'égyptienne, vêtus d'un pagne et chaussés de sandales, ont été mis au jour après un tremblement de terre et des fouilles consécutives dans l'ancienne cité de Dedan, non loin de l'oasis d'al-Ula (Nord). Comme pour tous les autres vestiges visibles dans les 1 500 m² du hall Napoléon, le Louvre les a restaurés. L'un de ces colosses a été identifié comme un roi appartenant à une dynastie au pouvoir entre les IVe-IIIe siècles av. J.-C.
Plus connus, les Nabatéens succéderont à ces mystérieux Lihyanites. Voisine d'al-Ula, la nécropole de Hégra est un haut lieu d'architecture troglodytique antique, classée au patrimoine mondial de l'Unesco en 2008. Une petite sœur de Pétra en Jordanie en quelque sorte. C'est de Hégra que proviennent notamment les deux splendides jarres visibles au Louvre ainsi qu'un chapiteau au style corinthien simplifié. Des pièces qui prouvent les liens serrés entretenus dans le désert avec les commerçants nabatéens incorporés à l'Empire romain sous Trajan.
Sur place, les fouilles ne cessent de compléter cette histoire qui lie, à partir du Ier millénaire av. J.-C, la Méditerranée et la Mésopotamie avec l'Inde, la Corne de l'Afrique et l'Égypte par les cités caravanières. Elles sont en partie financées par Total, entreprise qui a aussi contribué à la réalisation de la présente exposition à hauteur de 200.000 euros.
Une impressionnante série de stèles funéraires
La seconde partie de l'exposition montre la continuité et l'intensification des échanges durant l'ère musulmane. Avec cette différence que sur les axes qui vont d'oasis en oasis, les pèlerins se mêlent désormais aux marchands. Une impressionnante série de stèles funéraires, venue de La Mecque, permet de comprendre l'évolution des styles décoratifs et calligraphiques entre le Xe et le XVIe siècles. Non loin, divers éléments d'embellissement des lieux saints - serrures de sanctuaire, brûle-parfums, chandeliers - témoignent des innombrables manières dont la foi peut s'investir dans l'art.
Jusqu'à la monumentale porte de la Kaaba offerte par le sultan ottoman Murad IV (1623-1640). En argent martelé d'or, à motif polylobé sur décor végétal. C'est elle qui protégea durant trois siècles la pierre noire enchâssée, vestige, dit-on, de l'abri offert par Dieu à Adam pour le protéger du Déluge... Le parcours se termine par une évocation de la naissance du royaume d'Arabie saoudite, en 1932.
«Routes d'Arabie» jusqu'au 27 septembre dans le hall Napoléon du Louvre. Catalogue Louvre-Somogy, 624 p., 45 €. Tél. : 01 40 20 53 17. www.louvre.fr
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