Que reste-t-il des Grands Boulevards ?
Mots clés : Grands Boulevards, Grand Rex, Delaville Café
Par Ariane Bavelier, Claire Bommelaer, Pierre De Boishue, Sophie De Santis, Colette Monsat, Elodie Rouge, Valérie Sasportas, Nathalie Simon07/04/2010 | Mise à jour : 11:47 Réagir
Le Grand Rex Crédits photo : Le Figaro
Jadis synonyme de fête et de fantaisie, Haussmann, Montmartre, Poissonnière et les autres se cherchent une nouvelle voie, réfutant le synonyme de « boulevards du crépuscule ».
Bel-ami, le héros de Guy de Maupassant, flânait sur les Grands Boulevards en quête de femmes en cheveux. Cent cinquante ans après, on y croise de tout : des touristes, des banquiers pressés et des mères africaines. Axes conçus sur les anciennes fortifications, ces boulevards s'étirent des beaux quartiers aux plus populaires. De la Madeleine à la Bastille. Ils s'organisent en tronçons, reflets des quartiers qui les bordent et des populations qui les habitent. Certains Parisiens d'Haussmann ne mettent jamais les pieds à Strasbourg-Saint-Denis et vice et versa ! Après l'enfilade des Galeries Lafayette et du Printemps, on entre dans le quartier austère des banques, avec ses chaînes de restaurants. Le grand café Le Brébant (32, bd Poissonnière), institution parisienne, signe l'avènement du quartier populaire. Bonne-Nouvelle mène alors tout droit vers le nid des théâtres, qui jouent des pièces faciles opportunément appelées « théâtre de boulevard ». Autour, l'environnement se gâte brutalement. La circulation des Grands Boulevards étant à sens unique, les voitures filent de toute façon devant les pieds des passants, noircissant année après année les façades d'immeubles autrefois chics. Du bruit, des nœuds de rues, des trottoirs peu commodes : cette partie-là du secteur a beau être très fréquentée, elle n'en est pas moins peu accueillante. Heureusement, les places de la Bastille - lieu hautement bobo - et celle de la République brisent enfin la ligne des boulevards. Immense, souvent dédiée aux fins de manifestation, la République sera rénovée d'ici à 2013. L'idée est de rendre une partie des 37 000 m² aux piétons, et de créer un nouvel axe en direction du canal Saint-Martin. Des canards, des manèges, plein d'arbres et des kiosques. Le point de départ d'une révolution ?
Bistrot Renaissance Crédits photo : Le Figaro
Le nouveau triangle d'or du IIIe
Loin du pur fantasme bobo, un nouvel eldorado mode investit les Grands Boulevards, de République à Bastille, prolongement in extenso du haut Marais, quartier plus chic et branché que jamais. Longtemps considéré comme un ovni 4 étoiles, l'Hôtel Murano attire le gratin VIP du Tout-Paris pour ses soirées du jeudi, faisant taire les mauvaises langues qui prédisaient sa désertion une fois les premiers effets de mode passés (13, bd du Temple -III e ) . Mais c'est l'arrivée de Merci, à quelques centaines de mètres, qui a initié le mouvement d'un nouveau « spot » luxe avec son concept store caritatif, mixant dans un espace époustouflant les portants des créateurs en vogue et les stands de vaisselle écolo, coin fleuriste et cantine à people (111, bd Beaumarchais - III e ). Même designer et même esprit des lieux chez Bonton (5, bd des Filles-du-Calvaire - III e ), griffe pour enfants qui vient juste d'ouvrir une boutique XXL du parfait petit marmot, avec salon de coiffure, espace goûter, jeux, meubles, etc. Dernier arrivé, Xuly Bët (95, bd Beaumarchais - III e)- multimarque de prêt-à-porter, design, objets arty - a préféré le Paris des Grands Boulevards aux vitrines de Saint-Honoré… L'Ouest n'a plus le monopole du luxe !
THÉÂTRES: Bienvenue sur le « boulevard du rire »
Au fil des boulevards parisiens, le rire est omniprésent. Ouvertes à tous les genres, du Temple à Haussmann, de nombreuses salles programment comédies, pièces - dites justement « de boulevard » - et autres spectacles d'humoristes.
Théâtre Dejazet - Inauguré en 1851, tenu ensuite par la comédienne Virginie Dejazet et ses fils, il a échappé par deux fois à la destruction. Riche de 600 places, la salle alterne désormais comédies, concerts et one-man-show. (Stéphane Guillon jusqu'au 1er mai). 41, bd du Temple (IIIe). Tél. : 01 48 87 52 55.
Théâtre du Gymnase - Construit en 1820, il remplit ses salles avec des succès comme Boire, fumer et conduire vite (jusqu'au 19 juin) ou L'Empiafée. 38, bd de Bonne-Nouvelle (Xe). Tél. : 01 42 46 79 79.
Jamel Comedy Club - Créé par Jamel Debbouze en 2008, ce lieu de 120 places accueille de jeunes humoristes, issus entre autres du Comedy Club. Ainsi, le comte de Bouderbala. 42, bd Bonne-Nouvelle (Xe). Tél. : 08 11 94 09 40.
Théâtre des Nouveautés - Dirigé par Denise Moreau-Chantegris, il programme surtout des pièces de boulevard ou des spectacles musicaux comme Barbara, vingt ans d'amour, de Roland Romanelli. 24, bd Poissonnière (IXe). Tél. : 01 47 70 52 76.
Théâtre des Variétés - Ouvert en 1807 à l'initiative de Marguerite Brunet, dite « La Montansier », ce théâtre se distingue aujourd'hui par une programmation éclectique, du répertoire classique de Molière (Les Fourberies de Scapin) à des pièces contemporaines (Personne n'est parfait), ou encore des spectacles jeune public (Le Chat botté débotté). 7, bd Montmartre (IIe). Tél. : 01 42 33 09 92.
Musée Grévin Crédits photo : Le Figaro
Chemin faisant… les 10 vraies bonnes haltes
Musée Jacquemart-André (158, bd Haussmann). Ouvert 365 jours par an, il donne son intérêt à cette portion chic et froide du boulevard. Cet hôtel particulier conserve le mobilier et le décor voulu par Nelie Jacquemart et Édouard André : peinture flamande, plafonds de Tiepolo, jardin d'hiver. Nicolas Sainte Fare Garnod, conservateur des lieux, n'a pas son pareil pour dénicher en Europe les collections équivalentes et les présenter dans son musée : d'où des expositions formidables, comme ce voyage dans la peinture espagnole de Greco à Dali. Si vous venez avec des enfants, demandez les livrets-jeux ! Tout au long de son parcours, le boulevard Haussmann est jalonné de cailloux gourmands.
Les Caves Augé (n° 116), magnifique magasin rétro resté dans son jus XIXe, sur lequel Marc Sibard veille avec un professionnalisme et une passion enthousiastes. Quel que soit son budget, on est sûr de repartir avec « la » bonne bouteille.
Anecdotique mais amusante, Pomze (n° 109) est une adresse pour monomaniaques de la pomme. En cidres, calvas, confitures, tartes, chutneys ou plats, le fruit défendu se permet toutes les fantaisies.
Changement de trottoir et d'arrondissement avec le Lafayette Gourmet (n° 40), plus grand foodstore de la rive droite. Une très forte concentration d'enseignes prestigieuses, de traiteurs et de bons produits de tous les continents sont autant d'invites à des festins improvisés.
Enfin, pour se reposer de la séquence shopping, le bar Lindbergh de l'Hôtel Ambassador (n° 16), récemment refait en illusion années 1930, est l'ultime halte où tout commence et tout finit.
Musée Grévin (10, bd Montmartre) . Julien Clerc vient d'y retourner, Obama y est entré, on vient en pèlerinage y voir Michael Jackson. À côté des personnages de cire, il ne faut pas manquer le Palais des Mirages, formidable attraction qui n'a pas pris une ride depuis 100 ans.
Dernier rescapé des grands cafés parisiens, le Brébant (32, bd Poissonnière) s'est refait une beauté branchouille, sous la houlette de Bourdon et Lafond, voici cinq ans. Impec pour des faims de nuit pas trop exigeantes : on y sert en continu.
« Sur les grands boulevards, y'a toujours quelque chose à voir » et notamment le dernier spot gourmand : le Musée du chocolat (28, bd Bonne-Nouvelle), ouvert en février dernier par un collectionneur belge, fondu de cacao. Didactique et ludique.
Aussi in que le Grand Rex (1, bd Poissonnière), le Murano (13, bd du Temple) fut l'un des premiers palaces contemporains à investir l'est parisien. En jouant la carte du blanc, du haut de gamme vénitien et de la qualité de la restauration (cocktails et brunchs top niveau).
À quelques dizaines de mètres de là, dans un décor délibérément kitsch, le Repaire de Cartouche (8, bd des Filles-du-Calvaire) dédie son décor rustico-naïf au célèbre brigand. Reste que la cuisine de Rodolphe Paquin émaillée de touches normandes est, elle, de haut vol.
Delaville Café Crédits photo : Le Figaro
BAR BRANCHÉ : Le Delaville Café
Posé tel un îlot sur la marée urbaine, ce petit paradis (ex-maison close) séduit naturellement par sa terrasse surélevée, ses couleurs pop vitaminées, ses soirées endiablées et sa ravissante clientèle modeuse. « Ce qui lui confère le statut d'unique repaire branché dans le coin », comme le souligne la créatrice Anne-Valérie Hash, qui partage avec le café les salles d'un ancien restaurant. Si la styliste a investi la salle de bal, le Delaville a renoué avec la grande tradition festive. Le gratin parisien continue même de faire vivre ce lieu historique : dès potron-minet, réalisateurs et magnas du cinéma, « pubards » du coin, stylistes en vogue et comédiens des théâtres alentour se rassemblent autour d'un café. À 19 heures, le volume monte, la jeunesse dorée grignote son burger et se déhanche aux sons des DJ.
Delaville Café, 34, boulevard Bonne Nouvelle 75010 Paris, 01 48 24 48 09
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