L'hommage d'un village normand à ses pilotes
Mots clés : Seconde Guerre mondiale, Aviation, NORMANDIE
Par Charlotte Menegaux13/08/2010 | Mise à jour : 09:41 Réactions (38)
Des opérations aériennes, en Normandie, pendant l'année 1944. Crédits photo : AP
Tués en 1944, les lieutenants Graham et Montell, aviateurs, sont honorés vendredi à Saint-Germain-des-Grois. La fille du premier sera présente.
La chaleur est étouffante, en ce dimanche 13 août 1944. À Saint-Germain-des-Grois, commune normande de l'Orne, Jean Pasteau, un jeune garçon de 16 ans, court voir les Américains défiler sur leurs tanks. Sur le chemin du retour, l'adolescent se baigne dans la rivière du village lorsqu'un Thunderbolt, un avion de chasse américain, fend le ciel et fonce sur le champ qui jouxte la rivière. Dans son sillage, une fumée noire.
«Le pilote tente un atterrissage d'urgence sur le ventre, mais l'appareil heurte le sol et se brise en trois morceaux», raconte Jean Pasteau. «C'était il y a soixante-six ans, mais je me rappelle de chaque instant», ajoute-t-il en évoquant sa course effrénée sur les lieux du crash, sa panique devant le déversement du réservoir de kérosène, et son souvenir des villageois extrayant le pilote de la carcasse. Ce dernier, un jeune lieutenant américain du nom de Max Kenneth Graham, n'a pas survécu. Mais sa mémoire hante encore Jean Pasteau, qui a gardé dans son portefeuille la photo du cercueil enterré à Saint-Germain-des-Grois, durant plus de trente ans.
Moment d'émotion
C'est pour rendre hommage au courage du lieutenant et à celui de Richard Montell, un autre aviateur américain tué en 1944, que cette petite commune de 220 âmes nichée dans le verdoyant Perche organise vendredi une cérémonie du souvenir. Cérémonie organisée en grande pompe en l'honneur de la propre fille du lieutenant Graham, retrouvée l'année dernière au fin fond des États-Unis alors qu'elle ignorait tout de l'histoire de son père.
Dans l'ancienne école de la commune reconvertie en hôtel de ville, le maire de Saint-Germain-des-Grois, Jean-Michel Olivier, se plaît à évoquer le «devoir de mémoire» qui lui incombe, dans une région lourdement marquée par la guerre. Et retrace l'histoire de ces «retrouvailles » singulières. «En 2004, pour le soixantième anniversaire du débarquement, j'ai voulu en savoir plus sur ce pilote qui avait péri chez nous.» Jean-Marc Bonnet, un fonctionnaire de Bayeux passionné par l'histoire de France, fait le reste. Avec l'aide d'autres membres de l'association Ansa 39-45 (Association normande du souvenir aérien), dont il fait partie, il entreprend des recherches dans les archives françaises et américaines. Il ne sait pas encore qu'elles dureront six ans. Au bout du compte, il retrouve le parcours militaire du lieutenant Graham, et constate qu'il a appris à voler au Texas. Grâce à un bénévole américain de l'association basé en Californie, un article paru au Texas permet ensuite à la cousine du défunt de prendre contact avec la fille de ce dernier, Maxine Olson. «La boucle était bouclée, un matin, Maxine m'a téléphoné pour m'informer de son existence et me dire que c'était le plus beau jour de sa vie», raconte Jean-Marc Bonnet, visiblement ému.
Des centaines d'avions qui dorment sous terres
Un moment d'émotion d'autant plus fort que tragédies familiale et historique sont solidement imbriquées dans cette histoire. Maxine Olson relate en effet que la famille de sa mère était allemande «tendance IIIe Reich», et que celle de son père était juive. «Toute ma vie, j'ai été considérée comme la bête noire de ma famille à cause du sang juif que j'avais dans les veines», confie-t-elle. Grâce aux recherches de Jean-Marc Bonnet, elle a découvert des photos de son père, qu'elle n'avait jamais vues, et des morceaux de sa courte vie. Vendredi, elle tentera de se réconcilier avec son passé devant la stèle édifiée en son honneur, à côté du monument aux morts de Saint-Germain-des-Grois. Par une petite route de campagne propice au recueillement, elle se rendra ensuite dans le champ qui fut fatal à son père, à 300 mètres de là.
Cette histoire émouvante donne des ailes aux membres de l'association Ansa 39-45, dont l'objectif est de repérer les carcasses d'avions tombés lors de combats aériens, d'enterrer les éventuels cadavres de pilotes, et d'en retrouver les descendants. Et selon son trésorier, Maurice Durand, le travail est loin d'être achevé puisqu'«il reste plusieurs centaines d'avions qui dorment sous les terres normandes».
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