Une start-up américaine veut révolutionner l'énergie
Mots clés : pile à combustible, bloom box, San Jose, John Donaho, K.r. Sridhar, bloom energy, Google, eBay
Par Benjamin Ferran12/03/2010 | Mise à jour : 16:59 Réaction (55)
Bloom energy promet d'alimenter les entreprises et les foyers en électricité à moindre coût, grâce à une mystérieuse boîte. eBay, un de ses premiers clients, est enthousiaste.
Depuis plusieurs mois, Google, Fedex et Wal-Mart et une vingtaine d'entreprises américaines testent une nouvelle source d'énergie fiable et peu polluante, qui leur aurait fait économiser des centaines de milliers de dollars sur leurs factures électriques. Mercredi, une start-up américaine de la Silicon Valley, Bloom Energy, doit lancer publiquement cette invention depuis les locaux d'eBay, un autre de ses clients, en présence de l'ancien secrétaire d'État américain Colin Powell, membre de son conseil d'administration, et d'une figure de «premier plan» de la Californie, qui pourrait être le gouverneur Arnold Schwarzenegger.
Un de ces cubes permettrait de fournir de l'énergie à un foyer européen.
À quelques heures de cette présentation, Bloom energy suscite déjà sur Internet un vif intérêt teinté de soupçon, tant ses développements ont été menés jusqu'alors dans le plus grand secret. Dans un reportage de l'émission 60 Minutes, diffusé dimanche sur CBS, le fondateur de l'entreprise, K.R. Sridhar, raconte avoir d'abord mis au point pour la Nasa un système pour produire de l'oxygène sur Mars, avant de se servir de ses avancées pour travailler sur la production d'électricité. Il a alors conçu un système capable d'alimenter toute l'année un foyer ou une entreprise sans être relié au circuit électrique, grâce à une mystérieuse boîte - une «Bloom Box» - que l'on installerait dans son jardin.
À première vue, le procédé n'a cependant rien de révolutionnaire. La «Bloom box» a toutes les caractéristiques d'une pile à combustible, une méthode de production de l'électricité sur laquelle des recherches sont menées depuis le XIXème siècle. L'électricité est générée grâce à une réaction chimique entre un hydrocarbure (gaz ou biogaz) et de l'oxygène. Hydrocarbure et oxygène arrivent de chaque côté de fines plaques de céramiques, recouvertes d'une encre «secrète», séparées par un alliage métallique peu coûteux et empilées dans de petits cubes. Une soixantaine de ces cubes permettraient d'alimenter un magasin Starbucks en électricité.
Des doutes sur le rendement et le prix
Dans le reportage de 60 Minutes, le président d'eBay John Donahoe, visiblement conquis, explique que les «Bloom box» installées il y a neuf mois assurent déjà l'alimentation électrique de la moitié du campus à San Jose, et sont bien plus efficaces que les panneaux solaires installés sur le toit de ses immeubles. Ce témoignage enthousiaste n'a cependant pas suffi à dissiper la méfiance de certains experts, qui doutent du rendement énergétique de ce type d'alimentation. Pour ne rien arranger, ces boîtes vendues entre 700.000 et 800.000 dollars pièce sont très chères, même si des subventions de l'État de Californie pour les énergies vertes, couplées à des réductions d'impôts fédérales, permettent d'en abaisser le prix. Leur durée de vie reste aussi inconnue.
D'ici cinq à dix ans, Bloom energy souhaiterait pourtant adapter sa pile à combustible aux foyers, à un prix inférieur à 3.000 dollars. Et s'adresser aussi aux pays en voie de développement, dont le réseau électrique est encore peu dense. Pour atteindre cet objectif, les fonds d'investissement lui auraient apporté depuis 2001 quelque 400 millions de dollars. Mais la concurrence s'active. La plupart des grands groupes énergétiques, dont EDF en France, travaillent déjà sur les piles à combustible, qui pourraient aussi trouver des débouchés dans l'automobile. En 2009, le nombre de brevets accordés aux États-Unis était en moyenne trois fois plus élevé dans ce domaine que dans l'énergie solaire ou éolienne.
Regardez le reportage diffusé dans l'émission 60 Minutes de CBS
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