Sophie Karthäuser, soprano hyperactive
Mots clés : «La Calisto» de Francesco Cavalli, opéra, soprano, PARIS, Sophie Karthäuser
Par Bruno Jacquot07/05/2010 | Mise à jour : 15:54 Réagir
Sophie Karthäuser illumine chaque représentation de «La Calisto» de sa voix rayonnante et de sa présence touchante. Ici, au théâtre du Jeu de Paume à Aix-en-Provence, dans le cadre du Festival international d'art lyrique d'Aix-en-Provence, en juillet 2004.
L'artiste belge, l'une des meilleures mozartiennes actuelles, brille au Théâtre des Champs-Élysées dans le rôle-titre de «La Calisto».
Soyons honnête: on ne peut pas dire que la première de «La Calisto» de Francesco Cavalli au Théâtre des Champs-Élysées ait été une réussite majeure. De Christophe Rousset, le chef, et de Macha Makeïeff, le metteur en scène, fort sages, on attendait plus d'ironie et d'ambiguïté, plus de vie aussi, dans ce chef-d'œuvre si foisonnant et subversif de l'opéra baroque.
Mais livret et musique restent géniaux, et la distribution de tout premier ordre. À commencer par celle qui illumine régulièrement chaque spectacle auquel elle participe de sa voix rayonnante et de sa présence touchante: Sophie Karthäuser, soprano belge qui n'a pas tardé à devenir l'une des plus grandes mozartiennes de notre époque.
À 36 ans, cette jeune femme nature est dans la vie comme sur scène: sincère. «J'essaie de faire passer quelque chose de vrai, dit-elle. Pour cela, de me libérer du côté purement vocal: je ne supporte pas de voir quelqu'un chanter, c'est totalement inintéressant, à moins d'y rechercher une vérité.» À l'écouter, on pourrait en déduire qu'elle néglige la discipline musicale au profit de l'expressivité: il n'en est rien! Sa musicalité est la plus pure qu'on connaisse, on ne l'a jamais prise en défaut. Peut-être est-ce dû au fait qu'elle a suivi, jusqu'à son prix de conservatoire, des études de clarinette avant d'opter définitivement pour le chant. Musicienne elle était, musicienne elle reste, dans toutes ses fibres. Ce qui ne l'empêche nullement d'attacher une grande importance à la dimension théâtrale des rôles.
«J'adore l'effort de concentration sur le corps que représente une mise en scène. On intègre un rôle physiquement. En ce moment, je commence à préparer les représentations de Pygmalion de Rameau que je donnerai à Aix-en-Provence cet été: la chorégraphe Trisha Brown nous demande d'intégrer le chant à la danse, cela prend du temps mais c'est passionnant.» Cette dimension physique peut parfois aller jusqu'à l'épuisement, notamment quand elle s'accompagne d'une trop grande tension nerveuse. Sophie Karthäuser ne fonce pas tête baissée, elle est d'une grande prudence dans le choix de ses rôles et l'évolution de sa carrière. Il n'empêche: lors de sa première Suzanne des «Noces de Figaro», à Lyon, elle était sur les genoux après une semaine de répétitions. «Je me donne à 100% en répétition. Après la générale, j'étais comme une pile électrique qui s'est vidée. Je veux bien faire et je suis angoissée, alors je vous laisse imaginer!»
Se mettre en danger
Un diagnostic qui contraste avec l'apparente sérénité qu'elle dégage sur scène. Même si elle aime parfois se mettre en danger, reconnaissant qu'elle accepte trop de productions chaque année -«comment dire non à tant de projets?»- ou qu'elle se prépare au dernier moment, elle sait aussi qu'elle trouve un calme inattendu dans cette adrénaline, et qu'elle n'ira jamais au-delà de ses limites. C'est ainsi que, lorsque la Monnaie de Bruxelles, le théâtre où Bernard Foccroulle lui a confié ses premiers rôles importants, l'a appelée voici quelques semaines pour remplacer au pied levé une chanteuse souffrante dans «Idoménée», elle a accepté. Elle a quitté précipitamment New York où elle répétait un nouveau spectacle et s'est coulée dans une production qu'elle ne connaissait pas, comme si cela allait de soi. Son secret, au fond: elle aime le travail! Sauf quand son planning l'empêche d'assister à la fête de l'école de sa fille aînée. Mais chut: elle ne lui a pas encore annoncé…
«La Calisto», de Francesco Cavalli, au Théâtre des Champs-Élysées jusqu'au 14 mai. Durée du spectacle : 3 h 30 entractes compris. Loc.: 01 49 52 50 50."Ideas del hombre y más .......".
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