vendredi 19 mars 2010

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L'Arctique relâche de grosses quantités de méthane

Mots clés : méthane, pergélisol, océan, OCÉAN Arctique

Par Marielle Court
05/03/2010 | Mise à jour : 22:41
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D'après une étude, d'importantes quantités de ce gaz à effet de serre s'échappent des fonds marins.
D'après une étude, d'importantes quantités de ce gaz à effet de serre s'échappent des fonds marins. Crédits photo : Thomas Grabka/LAIF-REA

Toute la question est de savoir si les fuites de ce très puissant gaz à effet de serre sont récentes ou ont toujours existé.

On sait que les sols gelés du grand Nord, ou pergélisol, confrontés au réchauffement climatique, relâchent des grandes quantités de méthane dans l'atmosphère, un gaz à effet de serre très puissant. Mais on découvre petit à petit que ce gaz pourrait également provenir des fonds marins comme le montre une étude publiée hier dans la revue Science. Embarqués à bord de brise-glace russes, ses auteurs ont effectué quelque 5 000 prélèvements entre 2003 et 2008. Leurs conclusions indiquent que 80 % de l'eau des fonds marins et plus de 50 % des eaux de surface sont sursaturées de méthane provenant du pergélisol (permafrost, en anglais) enfoui sous l'océan.

La question essentielle est de savoir si ces émanations sont récentes ou si elles ont toujours existé. Dans le premier cas, la situation pourrait devenir inquiétante compte tenu des quantités de gaz qui se trouvent sous ces mers boréales.

Une boucle de rétroaction

«Ces réserves sont en effet gigantesques, aussi grandes voire plus que le pergélisol terrestre», explique Émilien Pelletier, professeur de chimie marine à l'Université de Québec, à Rimouski (Canada). La concentration actuelle moyenne de méthane dans l'Arctique est d'environ 1,85 partie par million. «Soit la plus élevée depuis 400 000 ans», précise Natalia Shakhova, chercheur à l'Université de Fairbanks en Alaska (États-Unis), l'un des auteurs de la publication. «Auparavant, le pergélisol sous-marin était considéré comme une barrière imperméable séquestrant le méthane», ajoute-t-elle.

Si personne n'est aujourd'hui en mesure d'expliquer de façon certaine la cause de ces dégazages, l'équipe de chercheurs, composée également de Russes et de Suédois, émet néanmoins l'hypothèse que le réchauffement de l'eau observée ces dernières années accélèrent le processus. Avec la création d'une boucle de rétroaction positive : plus il y a de gaz dans l'atmosphère, plus l'eau se réchauffe, plus cela participe à la libération du gaz…

Martin Heimann, chercheur à l'institut Max Planck (Allemagne) estime toutefois que les huit millions de tonnes qui seraient relâchées chaque année depuis les fonds marins représentent une quantité «négligeable» comparées aux émissions globales de CO2 dans le monde. Mais les auteurs de l'étude affirment que la concentration de méthane au-dessus du plateau arctique de Sibérie orientale est très élevée et que «si le pergélisol continue à se déstabiliser, les émissions de méthane seront beaucoup plus importantes».

Pour l'heure, on considère qu'un peu plus de la moitié des émanations mondiales de méthane sont liées aux activités humaines. Le reste proviendrait de sources naturelles, dont les sols gelés. «Il y a encore de très nombreuses inconnues», rappelle toutefois Émilien Pelletier. «Il y a un besoin urgent de surveiller cette région», renchérit Natalia Shakhova. Ce sera notamment l'un des objectifs de «Pergamon», un projet de l'European Science Foundation qui vient de débuter. Objectif : constituer un réseau de chercheurs capables, d'ici un ou deux ans, de mettre sur pied une campagne de mesures in situ et de modéliser l'impact du méthane dans l'Arctique. Un gaz dont le rôle paraît de plus en plus éminent dans les sciences du climat.



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