Spirou fait de la résistance... sous le manteau!
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C'est un peu LE canular de cette rentrée BD. Dans le sillage du 75eme
anniversaire de la naissance du personnage de Spirou, les éditions Dupuis
viennent ...
samedi 29 août 2009
F,P,D Univers.Sifnos, le chic cycladique
Anne-Marie Grué
20/07/2009 | Mise à jour : 12:33 |
Panagiota nous fait découvrir le village de Kastro, déjà habité dans l’Antiquité, sans doute l’un des plus beaux de l’île. Crédits photo : ( Stéphane Frances/Le Figaro Magazine)
A l'ouest des Cyclades, parmi les 147 îles et îlots de l'archipel égéen, Sifnos : 74 km2 d'azur, de broussailles parfumées et de tours antiques. Ses villages éclatants d'authenticité abritent des potiers et des peintres, des poètes et des bergers, et désormais quelques célébrités en quête de simplicité.
» REPORTAGE EN IMAGES
Louées soient Sifnos, Amorgos, Alonissos, Thassos, Ithaque et Santorin, Cos, Ios et Sikinos... Loués soient la table en bois, le vin doré avec le reflet du soleil, les jeux de l'eau sur le plafond, les vagues et les galets main dans la main, une empreinte de pas, sagesse sur le sable, une cigale qui gouverne des milliers d'autres, la conscience éblouissante comme l'été!» Lorsque le poète Odysséas Elytis * évoque ses chères îles, il commence par Sifnos... Un choix qui sonne en soi comme une louange à la beauté et à la pérennité du monde grec tout entier. Parce qu'elle est peut-être l'une des plus souriantes des Cyclades, Sifnos a donc la première part dans cet hymne lumineux. L'Egée, le soleil, la lumière, le vent : Sifnos - 74 km2 - possède tout cela, comme ses sœurs. Mais aussi une diversité de paysages étonnante ; des sentiers muletiers par milliers ; autant d'églises et de chapelles qu'il y a de jours dans l'année ; des reliefs tourmentés couverts de vignes et d'oliviers, cuirassés de murets de pierres sèches dégringolant jusqu'à la mer (les lourias) ; de longues plages... Bienheureuse Sifnos qui jamais n'aura d'aéroport : c'est à Kamares, son port principal, que l'on débarque un jour par le bateau rapide (trois heures trente depuis Le Pirée) pour les plus chanceux.
Martine et Christian y vivent sur la rive tribord, à Agia Marina. Parisiens amoureux de cette île depuis une décennie, au point d'en avoir arpenté tous les chemins, ils ont édité un petit guide (voir page pratique). «Elle est à mesure, ni trop petite ni trop grande. Au fil des années, nous nous sommes aperçus qu'elle était passionnante avec des villages du bout du monde comme Cheronisos où rien ne semble jamais devoir bouger.» Et d'autres, comme Vathy, toujours aussi charmant, mais qui abrite désormais un hôtel de rêve, qui a fait découvrir à nombre d'Athéniens fortunés - et d'étrangers - le charme puissant de Sifnos.
Sifnos est encore rurale et paisible
Dès l'Antiquité, ses mines d'or et d'argent lui assurèrent richesse et prospérité. Au point que le fameux trésor des Sifniens, érigé au VIe siècle avant J.-C. à Delphes, était connu comme l'un des plus beaux et des plus riches. Au moment de la domination ottomane, elle est un foyer de l'hellénisme : les arts et les lettres grecs étaient enseignés dans ses nombreux monastères. La qualité de son argile fait ensuite le renom et la fortune de ses potiers. Longtemps confidentielle, elle est maintenant recherchée, depuis que les médias grecs se sont aperçus que la moitié du gouvernement, dans les pas de l'ancien Premier ministre Kostas Simitis, vient passer ses vacances d'été au bord de l'immense piscine azur de l'hôtel Eliès... Beaucoup d'artistes grecs ou étrangers y résident également aux beaux jours - cinéaste français, écrivain américain, peintre islandaise, compositeur italien... -, mais dans la plus grande discrétion. En dépit des mannes de l'Europe et du récent boom du tourisme (en berne en 2009), Sifnos est encore rurale et paisible, et l'on vous répètera souvent avec le sourirequ'«ici, on n'est pas à Mykonos»! Panagiota, notre charmante guide née à Athènes, n'allait pas manquer cette occasion de nous faire découvrir les secrets de cette terre parfumée.
Dans ses pas, nous avons débusqué l'or de Sifnos. Artemonas, sa place adorable écrasée de soleil, ses deux tavernes face à face, où se retrouvent les vieux du village après la messe, la bonne odeur de pain chaud qui s'échappe du fournil et les maisons cossues entourées de jardins à l'abandon. Volée de larges marches aux pierres soutachées de blanc. Eclaboussure incarnat d'un bougainvillée. Un citron éclaté qui a roulé sur une dalle de marbre poli. Un chat qui détale et un portail bleu que l'on pousse sans effort pour admirer le porche sculpté d'une église silencieuse : dans la léthargie de midi, le sténo (la ruelle centrale) d'Apollonia, le petit chef-lieu de l'île éloigné des côtes - comme toutes les capitales cycladiques -, est désert. Quelques kilomètres en direction de l'est parmi les eucalyptus et les buissons d'euphorbes : voilà Poulati, un monastère face à la mer, cerné par le feuillage argenté de très vieux oliviers. L'endroit est désert, abandonné aux clochettes des chèvres et à la scie des cigales (qui en grec se disent joliment dzidzikas !). Quand chaleur et lumière font du sol un brasier vivant et de l'ombre un refuge vital, on appréciera de se baigner en contrebas au lieu-dit Dialiskari, où des rochers plats conduisent à une eau turquoise. Vingt minutes d'un sentier côtier jalonné de câpriers, de lentisques, de caroubiers et de genêts : voici Kastro, l'un des villages les plus pittoresques de l'île, sans doute parce qu'il a gardé maintes traces de son immense passé.
Comme Hérodote avant elle, Panagiota nous montre les ornements architecturaux en marbre de Paros qui ornent encore les ruelles de l'ancienne capitale vénitienne : ici un bout de colonne ionienne, là un sarcophage sculpté, ailleurs un blason franc ornant la façade d'une boutique. Posé sur le site d'une acropole classique, Kastro mêle avec infiniment d'élégance petits bars gentiment branchés (une visite au Havana Club s'impose !), riches demeures seigneuriales et ravissantes églises chaulées de blanc, comme celle des Sept-Martyrs posée sur l'eau en contrebas des murailles.
Cap au nord, tout au bout d'une route déserte tracée parmi des collines pelées : Cheronisos y est tapi dans une échancœure providentielle de la côte. Une poignée de barques de pêche. Des filets jaune d'or posés en tas à même le quai. Une petite place pas même asphaltée, deux canards, un potier malicieux et une taverne où la maman de Nikos, sosie d'Anna Magnani, fait griller le poisson frais pêché : comme un air de bonheur...
Non loin de là, Saint-Siméon, perché à 490 mètres de hauteur. Ce monastère offre une vue plongeante sur Kamares et toute l'extrémité nord de Sifnos. Là-haut, loin de l'agitation des plages ou du tohu-bohu du port, on peut à satiété respirer dans le vent les senteurs de sauge et d'origan, discerner d'autres îles blanches au loin mêlant leurs promontoires, entendre une chaîne d'ancre qui grince en remontant, indiquant un voilier en partance. La grande majorité des églises restant ici ouvertes (tout comme leurs réfectoires), il suffit de pousser la porte pour goûter enfin le silence. Pénétrer un monde d'icônes rutilantes et de parfums d'encens orientaux. Et s'approcher de l'iconostase. Tout près, puisque «les icônes auraient été peintes par les anges, explique Jacques Lacarrière dans son brillant Dictionnaire amoureux de la Grèce (Plon). Une fois l'icône terminée, ils soufflaient sur la peinture pour en activer le séchage. Voilà qui expliquerait ces stries ou embruns d'or visibles sur quelques-unes d'entre elles.» Le 7 juin dernier, une centaine de volontaires ont fait revivre le réseau de tours antiques (VIe au IIIe siècle avant J.-C.) de Sifnos. Depuis ces tours situées à des points stratégiques de l'île, les villageois échangeaient des informations à l'aide de signaux de fumée. La plupart des 73 tours répertoriées à ce jour (une par kilomètre carré !) ont renoué, deux mille cinq cents ans plus tard, avec leur vocation première. Les flottes relativement pacifiques de plaisanciers qui croisaient ce jour-là au large ont dû penser que, décidément, les Sifniens étaient gens singuliers. Martine et Christian ont bien sûr participé à cette fête. Sur le pas de leur maison à Kamares, ils regardent un énorme ferry avaler son lot d'estivants bronzés et bruyants. Parmi eux, Panagiota, qui s'en retourne à regret au Pirée, le port de Thémistocle aux treize millions de passagers annuels. La lumière est magnifique, le ciel sans un nuage. Cette fois encore, eux, ils restent.
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