dimanche 23 août 2009


F,P,D Univers. Semenya

Inconnue il y a trois semaines, Caster Semenya est devenue championne du monde du 800 mètres mercredi soir avec une marge insolente. Mais est-elle vraiment une femme ?
par Florian Egly, le 20-08-2009

Malaise mercredi soir à Berlin. En lieu et place de Caster Semenya, Pierre Weiss, le secrétaire général de l’IAAF, se présente en conférence de presse. Le règlement oblige pourtant les champions du monde et médaillés à ce traditionnel rendez-vous avec les journalistes. Mais le dossier Semenya est complexe. La Fédération Internationale a préféré préserver la jeune Sud-Africaine, 18 ans, des questions forcément équivoques, peut-être dévastatrices. Car la question que tout le monde se pose est embarrassante : et si la championne du monde du 800 mètres était un homme ? La polémique est survenue dès l’issue des demi-finales, devant la démonstration de force de la jeune athlète. Sa façon d’écraser la finale, reléguant sa dauphine à plus de deux secondes dans un temps supersonique (1’55’45’’), n’a fait qu’emplir la suspicion.

Test de féminité
La trajectoire de Caster Semenya est fulgurante. Inconnue il y a encore trois semaines, elle se révèle alors en signant la meilleure performance mondiale de l’année (1’56’’72) lors des Championnats d’Afrique juniors. Son record personnel l’année précédente était de 2’11’’98. Soit une progression de 15 secondes ! Au-delà du chrono, c’est son aspect physique qui interpelle. Pas de hanches, pas de poitrine, un visage masculin, une voix rauque et grave. Les rumeurs vont bon train. Mais la Fédération sud-africaine tarde à réagir. Rien, réglementairement, ne peut donc l’empêcher de participer aux Mondiaux, où l’or l’attendait au terme d’un solo extraordinaire. Sa première réaction ? Deux gestes secs de la main sur ses épaules comme pour se laver des critiques et rumeurs. Un officiel lui rappelle qu’il faut faire un tour d’honneur. Elle le fera seule, dans un silence gêné.

Pas la première
Son cas pose un gros problème à l’IAAF. La Fédération Internationale exige que seules les athlètes «100 % féminines», selon la formule employée, peuvent participer aux épreuves féminines. Elle a donc ouvert une enquête pour connaître le «vrai» sexe de Semenya. Des experts gynécologiques et psychologiques vont se réunir pour déterminer l’identité sexuelle de la Sud-Africaine. Le résultat ne devrait pas être connu avant trois semaines. Si des éléments de masculinité apparaissent, Semenya devrait être déchue de son titre, et sa carrière sans doute terminée. Ce n’est pas la première fois que l’athlétisme est confronté à ce genre de cas. A l’autopsie de la Polonaise Stella Walasiewicz, championne olympique du 100m en 1932, on découvrit en fait qu’elle était un homme. Championne d’Europe du poids en 1986, l’Est-allemande Heidi Krieger décida, elle, de changer de sexe, tellement transformée par les anabolisants. La question pour Semenya est de savoir si cette apparence masculine est naturelle ou le fruit d’un dopage. Elle pose également une question éthique voire philosophique : quelle place dans le sport de compétition pour les personnes hermaphrodites ?


"Solo ideas del hombre".

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